Parti en guerre parce qu'il s'ennuyait
Un mercenaire suisse risque la taule pour avoir pris les armes en Ukraine

Servir dans une armée étrangère est interdit par la loi suisse. Mais ça, Jérôme s'en moque. Ce Romand est parti à deux reprises défier l'armée de Vladimir Poutine. Pour ça, il risque jusqu'à trois ans de prison.
Publié: 08.09.2023 à 11:58 heures
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Dernière mise à jour: 08.09.2023 à 11:59 heures
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Parce qu'il s'ennuyait, un Romand est parti deux fois se battre en Ukraine.
Photo: Screenshot SRF
Carla De-Vizzi

Nous sommes le 25 novembre 2022.

Ce matin-là, Jérôme* et ses camarades militaires quittent leur base, quelque part en Ukraine. Direction le front. Très vite, les hommes rejoignent une zone minée et tous le savent, certains ne reviendront pas.

Dans une vidéo prise depuis la caméra d'un camarade, on voit un démineur mener l'équipe et avancer dans une forêt décharnée. Au loin, des coups de feu. Puis une explosion: un fil-piège vient de faire sauter une mine. Déchiqueté, le démineur meurt sur le coup.

Ce souvenir, Jérôme l'emportera avec lui jusque dans sa tombe.

La Suisse, trop calme pour lui

Depuis, Jérôme est rentré chez lui. Mais très vite, ce Romand de 37 ans, père de deux enfants, s'ennuie. Il ne trouve pas de travail. Alors il part pour la deuxième fois en Ukraine, là où ça tire, là où ça vit... là où ça meurt.

L'histoire de Jérôme, nous vous la racontions cette semaine encore.

Mais ce que l'on sait moins, c'est qu'en s'engageant sur le front ukrainien, Jérôme a commis un délit. Voici aujourd'hui ce que risque le Suisse quand il sera de retour.

Jusqu'à trois ans de prison

En Suisse, servir dans une armée étrangère est interdit par la loi. Celui qui l'enfreint encourt donc une peine de prison pouvant aller jusqu'à trois ans, assortie d'une amende. C'est ce qu'a expliqué le porte-parole de la justice militaire suisse Florian Menzi à Blick, il y a un an déjà.

Cette réglementation ne s'applique d'ailleurs pas seulement aux militaires, mais à tout citoyen suisse, homme comme femme.

Déjà sept procédures contre des mercenaires suisses

Jérôme n'est pas un mercenaire isolé. Plusieurs dizaines de citoyens suisses combattraient actuellement aux côtés des Ukrainiens sans prendre en compte les risques pénaux encourus. C'est notamment le cas d'Avi Motola. Le tireur d'élite schaffhousois défie actuellement l'armée de Vladimir Poutine sur le front, lui aussi.

Certains mercenaires sont déjà sous la surveillance des autorités, qui ont ouvert une enquête à leur encontre: «La justice militaire mène actuellement sept procédures en lien avec des personnes soupçonnées d'avoir servi en Ukraine», a déclaré Florian Menzi.

Et le nombre de procédures devrait encore augmenter. Mais au vu de la lenteur et du coût des enquêtes, on peut raisonnablement douter qu'un jugement sera un jour rendu.

*Nom d'emprunt

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