Les syndicats trompés?
Stupeur chez Novartis: «On nous a dit qu'aucun poste n'était menacé»

L'annonce par Novartis de la suppression de 550 emplois à Stein, en Argovie, fait réagir les syndicats. Ils auraient été surpris par les déclarations de la multinationale pharmaceutique. Unia a une autre version sur les suppressions d'emplois.
Publié: 16:25 heures
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Novartis arrête la production de comprimés, de gélules et d'emballages à Stein (AG).
Photo: Keystone
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Martin Schmidt

Le choc est immense parmi les employés de Novartis à Stein (AG). Ce mardi, la direction a annoncé la suppression de 550 postes sur le site de production. Un véritable coup de massue: avec environ 1600 collaborateurs, plus d'un tiers des emplois disparaissent.

La nouvelle a également pris de court Unia. Le plus grand syndicat de Suisse accuse Novartis de ne pas avoir tenu sa parole. «Il y a quelques semaines encore, on affirmait à Unia qu'aucun emploi n'était menacé et qu'il fallait investir dans le site de Stein», peut-on lire dans un communiqué.

Interrogée par Blick, Corinne Schärer, coresponsable du secteur Industrie, renvoie aux discussions entre partenaires sociaux avec Novartis en automne. «Nous avons directement demandé si des emplois étaient menacés à Stein, au vu des discussions sur les droits de douane et investissements prévus aux Etats-Unis», explique Corinne Schärer. Elle renvoie à la réponse donnée à l'époque par les représentants de Novartis: «On nous a clairement dit que le site était maintenu et qu'aucun emploi n'était menacé. La décision actuelle est une catastrophe pour le personnel.» Le syndicat Syna confirme l'entretien.

Où va la production?

Blick s'est donc adressé à Novartis pour savoir si le groupe avait effectivement manqué aux engagements pris envers les syndicats. Cette question reste pour l'heure sans réponse.

Novartis va stopper d'ici fin 2027 la production de comprimés et de capsules ainsi que le conditionnement de médicaments stériles à Stein. Mais où ces produits seront-ils fabriqués à l'avenir? Aux Etats-Unis, par exemple? Le groupe indique seulement examiner un renforcement de ses sites existants dans le réseau mondial.

Autre question: le site de Stein produit-il actuellement pour le marché américain? Il n'est pas possible de donner des informations détaillées à ce sujet, précise Novartis. «A l'avenir, nous continuerons à produire à Stein pour plus de 120 pays», se contente-t-on de dire.

Novartis conteste tout lien entre la délocalisation de la production et les investissements aux Etats-Unis. «Non, l'annonce d'aujourd'hui n'a rien à voir avec l'extension de notre production aux Etats-Unis.» Le géant pharmaceutique avait annoncé en avril dernier vouloir investir 23 milliards de dollars aux Etats-Unis.

Des réductions régulières en Suisse

Ce n'est pas la première fois que le géant bâlois taille dans ses effectifs. En 2022, il avait annoncé la suppression de 1400 emplois en Suisse. L'an dernier, 400 à 440 postes supplémentaires ont été biffés. L'entreprise est ainsi passée de 11'600 collaborateurs à environ 10'000 aujourd'hui.

La nouvelle vague de suppressions s'inscrit dans la stratégie du groupe: pour maintenir une production compétitive en Suisse, le groupe doit se concentrer sur des technologies de fabrication innovantes et un haut degré d'automatisation, explique-t-on. En d'autres termes, seuls les domaines d'activité qui génèrent des rendements suffisamment élevés et qui nécessitent un personnel très spécialisé survivent en Suisse. Ainsi, Novartis annonce qu'il va investir 80 millions de francs dans la production de molécules d'ARN sur son site de Schweizerhalle (BL) et y créer quelque 80 emplois à plein temps d'ici à 2028.

Unia ne comprend pas cette démarche: le syndicat reproche à la multinationale de vouloir engranger des bénéfices encore plus importants, malgré des «profits massifs», sur le dos du personnel suisse et du site industriel. Unia a demandé à Novartis d'étudier des alternatives. «La procédure de consultation doit être prolongée et ne doit pas être un simple 'exercice alibi'. Elle doit être utilisée pour trouver des moyens de maintenir des emplois sur le site», déclare Corinne Schärer.

Une discussion entre les syndicats et Novartis doit avoir lieu dans les prochains jours. «Pour nous, les solutions socialement acceptables sont au centre des préoccupations», fait savoir une porte-parole de Novartis.

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