Les recherches de Blick ont abouti: la coloration rose vif du Merjenbrücke, un pont entre Viège et Zermatt dans le Haut-Valais, est l'œuvre d'une artiste bernoise. Par écrit, Barbara Kiener confirme: elle voulait «utiliser la force de rayonnement» qu'offre un tel ouvrage historique. Son but? Le colorer en rose pour en faire «un signe de rencontre».
Elle a choisi le Merjenbrücke parce qu'il relie deux vallées. «Il faut s'engager en permanence pour le dialogue, surtout en ces temps politiques difficiles», argumente dans sa prise de position l'artiste de 43 ans. Faut-il y lire une protestation contre la hausse de l'âge de la retraite des femmes, décidée dimanche par le peuple dans un contexte houleux? «Non, il n'y a pas de lien. J'ai choisi la date par hasard», répond Barbara Kiener à Blick.
Pas sa première «attaque»
Que les autorités communales se rassurent: l'artiste a utilisé une «peinture de marquage temporaire» composée de poudre de craie et de colorant alimentaire. Il suffira qu'il pleuve pour que le pont retrouve sa couleur naturelle. Barbara Kiener indique avoir contacté elle-même la police et les autorités communales de Stalden pour les en informer. «C'était important pour moi de les aviser. Il faut que l'on se concentre sur l'œuvre, je ne voulais pas faire de mystère.»
La commune n'a pas fait preuve de patience, puisque selon «Le Nouvelliste», les pompiers ont effacé l'oeuvre éphémère à la demande des autorités de Stalden. Ce n'est, d'ailleurs, pas le premier bâtiment que l'artiste peint en rose. «J'ai commencé avec l'hôtel Schweizerhof à Interlaken. Il était classé monument historique et a été démoli, explique la Bernoise. Ensuite, j'ai peint l'ancien kiosque au-dessus de Grindelwald pour thématiser le recul des glaciers.»
Il y a un an, Barbara Kiener a également peint en rose 375 barrages antichars, pour dénoncer «le caractère hypocrite de la politique suisse de neutralité, alors que le commerce de guerre bat son plein.»
L'artiste s'expose-t-elle à des poursuites judiciaires? «Dans la plupart des cas, il y a de la compréhension pour ma démarche artistique. Mais je pense que c'est surtout parce que j'utilise de la peinture temporaire», répond la peintre éphémère à Blick. Barbara Kiener n'a ainsi été poursuivie qu'une seule fois, selon ses dires.
