Journée mondiale du don du sang
La Suisse se vide lentement de son sang, car les donneurs se font rares

Les dons du sang sauvent des vies. À l'occasion de la Journée mondiale des donneurs de sang, Blick a rencontré Yannic Bichsel, 27 ans, qui ne pourrait pas vivre sans un médicament à base de sang de donneur. Problème: le sang se fait de plus en plus rare en Suisse.
Publié: 14.06.2023 à 12:12 heures
1/13
Donner son sang ne prend pas beaucoup de temps: «Après environ 45 minutes au centre de transfusion sanguine, on a terminé et on a sauvé des vies humaines», rappelle Adrian Fluri, le chef de la communication de la Croix-Rouge suisse.
Photo: Luisa Ita
Luisa Ita

Votre sang est un bien précieux qui peut sauver des vies. Voilà le message de la Journée mondiale des donneurs de sang, qui a lieu ce mercredi 14 juin en Suisse.

«On ne peut pas stocker le sang longtemps. Les globules rouges se conservent 42 jours et les plaquettes que 7 jours. Seul le plasma peut être conservé congelé jusqu'à 24 mois, explique Adrian Fluri, chef de la communication de la Croix-Rouge suisse. C'est donc souvent pendant les vacances d'été que le sang vient à manquer.»

Actuellement, les réserves de sang sont suffisantes en moyenne. «Mais de nos jours, il faut faire beaucoup plus d'efforts pour motiver les gens à donner leur sang, poursuit le responsable de la communication. Il est particulièrement difficile de convaincre les jeunes de le faire.» Sourire en coin, Adrian Fluri ajoute: «Cela ne prend pas beaucoup de temps! Après environ 45 minutes au centre de transfusion sanguine, on a terminé et on a sauvé des vies humaines avec un petit effort.»

Le défi des baby-boomers

A long terme, la Suisse se vide toutefois lentement de son sang. «Des temps difficiles s'annoncent», poursuit Adrian Fluri. La raison: la génération des baby-boomers. Celle-ci comprend toutes les personnes nées entre 1946 et 1964 et tient son nom du nombre particulièrement élevé de bébés nés pendant l'après-guerre.

«Le problème, c'est que ces personnes arrivent maintenant lentement à un âge où les cancers deviennent plus fréquents, explique Adrian Fluri. Et les patients cancéreux constituent le plus grand groupe de receveurs de sang. Autrement dit, nous aurons bientôt besoin davantage de sang. Sauf que la génération qui suit actuellement et celle qui a moins de 30 ans sont nettement moins nombreuses.»

Yannic Bichsel est l'un de ceux qui sont reconnaissants pour chaque goutte de sang offert par donneur ou une donneuse. Vêtu d'un short de jogging, il est assis sur son canapé dans la commune bernoise de Münchenbuchsee et fouille dans une boîte. Il en sort deux flacons contenant des liquides transparents et les pose sur la table. Le jeune homme de 27 ans explique: «C'est un médicament qui est fabriqué à partir de dons du sang. Je dois me l'administrer chaque semaine par perfusion.»

Le diagnostic s'est fait attendre

Le Bernois espère que son histoire pourra en motiver certains à donner leur sang: «Grâce aux dons du sang, les gens comme moi peuvent mener une vie normale.» Il démêle un étroit tube transparent. Deux fines aiguilles y sont fixées. Avec un peu d'élan, il planter la première aiguille à l'intérieur d'une cuisse, puis la seconde dans l'autre cuisse. «Voilà, c'est fait. Maintenant, je dois attendre deux heures que le flacon soit vide.»

Depuis son enfance, le directeur marketing souffre d'une maladie auto-immune si rare qu'elle n'a pas de nom. «J'avais des symptômes différents, selon le pourcentage de sang qui me manquait à un moment donné, explique-t-il. S'il me manquait des plaquettes sanguines par exemple, je saignais beaucoup quand je me blessais.» Parfois, il pouvait à peine monter les escaliers sans être immédiatement essoufflé. Une fois, il a dû rester alité pendant environ deux mois en raison d'une infection.

«Une autre fois, lors d'un anniversaire quand j'étais enfant, j'ai saigné du nez pendant trois ou quatre heures, se souvient-il. Là, on a vite compris que quelque chose n'allait pas et mes parents m'ont emmené aux urgences.» Petit à petit, chaque maladie a été exclue, jusqu'à ce que le diagnostic soit finalement clair: «Mais cela a pris beaucoup de temps.»

Une immense gratitude

Yannic Bichsel a certes toujours des symptômes, malgré son médicament à base de sang, mais ils sont moins prononcés: «J'ai régulièrement de la fièvre, parfois une ou deux fois par semaine.» Mais grâce au médicament obtenu à grands frais, il peut exercer son activité professionnelle sans restriction et profiter de la vie; il doit seulement faire un peu attention lorsqu'il planifie ses vacances, car les dons de sang doivent toujours être réfrigérés.

Yannic Bichsel est immensément reconnaissant envers chaque personne qui se décide à donner son sang: «J'aimerais bien rendre la pareille et donner mon sang, mais ce n'est malheureusement pas possible.»

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la