Il y en a des prestations télévisées qui ne passent pas inaperçues. Celle de Nils Fiechter en fait partie. Vendredi dernier, le député au Grand Conseil bernois et président des Jeunes de l'Union Démocratique du Centre (UDC) a accordé une interview controversée à la non moins controversée chaîne TV de propagande russe, Russia Today, interdite depuis 2022 dans l'Union européenne (UE).
«Une conférence embarrassante!»
Tiré à quatre épingles, cheveux blonds gominés, coiffés vers l'arrière, Nils Fiechter confie tout le mal qu'il pense du Sommet pour la paix en Ukraine qui se tient en ce moment au Bürgenstock (NW): «Cette conférence n'apportera rien, déclare-t-il en anglais. Toute cette histoire est une farce absolue et embarrassante pour notre pays.» Et reflète ainsi la position majoritaire au sein de l'UDC, inquiète pour la neutralité de la Suisse.
On y voit aussi le jeune UDC critiquer le Conseil fédéral pour ne pas avoir invité la Russie et prévenir que cela pourrait détruire la sacro-sainte neutralité suisse. Nils Fichter redoute même que la Suisse «se laisse entraîner dans une Troisième Guerre mondiale». Le vingtenaire n'a pas boudé son plaisir en publiant l'intégralité de cette interview sur son profil public Facebook.
«Une vraie honte!»
Dire que la prestation du jeune politicien n'a pas été appréciée, mais alors pas du tout, par le conseiller national socialiste Roger Nordmann, tient de l'euphémisme. Il l'a fait savoir sur X (anciennement Twitter).
Le président du Centre et conseiller national zougois, Gerhard Pfister, n'a pas non plus franchement goûté aux saillies du jeune UDC sur la chaîne inféodée au Kremlin. Il ne s'est pas privé d'ironiser sur le même réseau social.
«Un jeune politicien local, condamné par la justice, prétend connaître l'issue d'une conférence internationale avant même qu'elle n'ait débuté. Et pendant ce temps, les aînés de son parti se battent avec la police. Impossible à inventer.» Le président du Centre fait bien sûr référence à l'autre polémique de la semaine, celle mettant en scène deux conseillers nationaux, Thomas Aeschi et Michael Graber en venir aux mains avec fedpol au Palais fédéral...
Et même dans son propre camp, l'intervention de Nils Fichter est sujette à la critique. Ruben Ramchurn, l'ancien président de l'UDC d'Yverdon-les-Bains n'y va pas par quatre chemins en s'exprimant sur X. Selon lui, on ne peut pas apparaître sur Russia Today et défendre, dans le même temps, la neutralité.