Interview de Klaus Hurrelmann, chercheur sur la jeunesse
«Les jeunes ne sont pas pessimistes, mais plutôt prudents quant à leur avenir»

La génération Z est-elle sans espoir? La réponse est non, selon le chercheur Klaus Hurrelmann, spécialiste de la jeunesse. Elle serait plutôt prudente quant à son avenir, car elle sait qu'une nouvelle crise pourrait survenir demain.
Publié: 02.01.2024 à 14:32 heures
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Dernière mise à jour: 23.04.2024 à 14:42 heures
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Klaus Hurrelmann est l'un des chercheurs les plus en vue dans le domaine de la jeunesse en Allemagne.
Photo: imago/Reiner Zensen
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Sara Belgeri

Monsieur Hurrelmann, à quel point la génération Z va-t-elle mal?
Les jeunes vivent dans une situation assez unique. D'un côté, les crises menaçant leur existence, comme les guerres, l'insécurité économique ou le réchauffement climatique, représentent une grande peur pour leur avenir. Mais d'un autre côté, l'importante majorité d'entre eux ont d'excellentes perspectives de formation et d'emploi. Et contrairement aux générations plus anciennes, elle est plus sensibilisée au thème de la santé mentale. C'est tout à fait positif.

Il ne s'agit donc pas d'une génération pessimiste et sans espoir.
Le nombre de troubles psychiques sérieux a certes augmenté depuis la pandémie, mais je ne dirais pas pour autant que les jeunes vont fondamentalement mal. La jeune génération n'est pas pessimiste, mais plutôt prudente quant à son avenir. Elle rappelle un peu la génération sceptique de l'Allemagne d'après-guerre. Beaucoup organisent activement leur vie, font particulièrement attention à leur santé mentale, mais sont conscients qu'une nouvelle crise pourrait survenir demain.

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«Les jeunes critiquent certes leurs aînés et les personnes au pouvoir, mais ils les invitent et leur demandent de trouver une solution ensemble»
Klaus Hurrelmann, chercheur sur la jeunesse
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Qu'est-ce qui motive les jeunes?
Ils accordent une grande importance au sens et à la valeur du travail. Par rapport aux baby-boomers, on constate une nette différence. L'argent est important, mais pas à n'importe quel prix. En cas de doute, la vie privée l'emporte sur la vie professionnelle. Ce qui est également frappant, c'est que la jeune génération communique ses volontés avec beaucoup d'assurance.

Beaucoup s'engagent en politique. Malgré les crises, ils veulent donc changer les choses?
En comparaison historique, les moins de 30 ans montrent un intérêt et un engagement politiques forts. Un thème central est la crise climatique et ses conséquences. Les jeunes critiquent certes leurs aînés et les personnes au pouvoir, mais ils les invitent et leur demandent de trouver une solution ensemble. Cette attitude fondamentale se distingue des époques précédentes, où l'on rompait souvent avec la génération plus âgée. Bien qu'ils soient contrariés par le peu de soutien qu'ils reçoivent de la part des politiciens, les jeunes ne ressentent pas de résignation totale. Ils souhaitent participer à la construction de leur avenir et sont conscients des défis que cela représente.

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