Infection après une piqûre de tique
«Nous devons prendre le nouveau virus Alongshan au sérieux»

L'hiver a été doux et les tiques s'en réjouissent. Cette année, il faut donc faire particulièrement attention aux piqûres de tiques. Notamment parce que ces arachnides transmettent un nouveau type de virus.
Publié: 06.05.2023 à 17:02 heures
Les tiques sont porteuses de divers agents pathogènes.
Photo: Getty Images
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Valentin Rubin

Un nouveau virus inquiète des chercheurs. Celui-ci se serait déjà largement répandu parmi les tiques en Suisse, soupçonnent les virologues. Des scientifiques de la faculté Vetsuisse, à Zurich, se penchent sur ce phénomène. Le Dr Cornel Fraedel, professeur de virologie, est à la tête de cette équipe chargée de clarifier la situation. Il a accepté de répondre aux questions de Blick.

Que sait-on du nouveau virus d’Alongshan?

Ce virus a été découvert en 2017 à Alongshanzhen, une ville du nord-est de la Chine. Après une piqûre de tique, les patients se sont plaints, entre autres, de fièvre et de maux de tête – des symptômes typiques de la méningo-encéphalite à tiques, ou verno-estivale (MEVE).

Cependant, le virus de la MEVE n’a pas pu être détecté chez eux. A la place, les chercheurs ont découvert dans leur système Alongshan (ALSV), un agent pathogène inconnu jusqu’à présent. Il est soupçonné d’être à l’origine des symptômes de la maladie en question.

«Mais ce n’est pas encore clairement confirmé», précise Cornel Fraefel. A la fin de l’année 2022, l’expert et ses collègues ont détecté pour la première fois le virus de la SLA en Suisse. Il ajoute que cet agent pathogène est nouveau, et qu’il «doit être pris au sérieux». Il rappelle que la saison des tiques dure désormais presque toute l’année en raison des hivers doux, et que les infections sont donc de plus en plus fréquentes.

Le virus s'est-il beaucoup propagé en Suisse?

Selon Cornel Fraefel, on ne sait pas encore exactement comment se propage ce virus. Toutefois, parmi les échantillons analysés par l’université de Zurich en 2022, le virus de la SLA est apparu plus souvent que le virus de la FSME, ce qui penche pour une large diffusion.

Depuis quand se trouve-t-il en Suisse? «Il est possible que le virus circule depuis plus longtemps dans notre pays», soulève-t-il. Mais faute de tests fiables, l’agent pathogène est passé inaperçu. C’est pourquoi son équipe travaille sur un test sérologique utilisable à grande échelle.

Tant qu’un tel examen ne sera pas possible, il sera difficile de distinguer les infections les unes des autres. «Des maladies prétendument liées à la FSME pourraient en fait être une infection par le virus Alongshan», soulève-t-il.

Le vaccin contre les tiques FSME est-il également efficace contre le virus Alongshan?

Il existe déjà un vaccin efficace et de longue durée contre la FSME. Le virus Alongshan appartient certes à la même famille de virus que le virus FSME, mais le vaccin contre ce dernier n’est pas efficace dans ce cas-là, explique Cornel Fraefel. La structure de surface est trop différente, de sorte que les anticorps de la FSME ne peuvent pas se fixer sur le virus Alongshan.

Le spécialiste peut toutefois s’imaginer qu’une piqûre efficace contre le virus Alongshan sera disponible d’ici à quelques années. «Comme pour les vaccins contre le coronavirus, de grands espoirs sont placés dans la technologie ARNm.»

Il existe un vaccin très efficace contre la méningo-encéphalite verno-estivale (MEVE). Il ne protège toutefois pas contre le virus Alongshan, encore inconnu à ce jour.
Photo: Keystone

Comment se protéger contre le virus?

Compte tenu du risque de cette infection, il est particulièrement important cette année de se protéger contre les tiques à l’aide des moyens traditionnels, explique le Dr Fraefel. «Comme on ne sait pas encore tout sur cet agent pathogène, il est préférable de ne pas l’attraper du tout», avertit-il.

Ce qui signifie qu’il vaut mieux porter des chaussures fermées et, si possible, des pantalons longs enfoncés dans les chaussettes, en particulier dans et aux abords des forêts, le long des rivières et des ruisseaux, ou dans les parcs proches des bois.

L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) recommande en outre d’utiliser des produits anti-tiques et d’examiner le corps et les vêtements après une balade afin de détecter une éventuelle présence de tiques. Mais si l’on est malgré tout piqué et que l’on présente des symptômes de la maladie dans les 7 à 14 jours qui suivent, il faut impérativement consulter un médecin, insiste Cornel Fraefel.

C'est en forêt que le risque de tiques est le plus élevé. Pour se protéger contre ce nouveau virus, il est d'autant plus important de porter des vêtements à manches longues et bien protecteurs.
Photo: Getty Images
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