Le rachat de Credit Suisse par UBS semble avoir été nécessaire au sauvetage de la place financière suisse. Mais ce mariage forcé soulève de nombreuses questions. Quelles seront les conséquences de l'émergence de cette nouvelle banque pour les petits épargnants suisses, les bénéficiaires de caisses de pension et les détenteurs d’hypothèque?
«Les conditions sont déjà mauvaises pour les petits épargnants auprès des grandes banques, soupire Sara Stalder, directrice de l’association de protection des consommateurs. Et elles vont encore se péjorer.» Selon elle, l'émergence de ce nouvel établissement augmente le risque que l’État doive à nouveau intervenir – et ce, avec l’argent du contribuable.
Mais selon Dirk Renkert, expert financier auprès du comparateur en ligne Comparis, les titulaires de comptes et les épargnants n'auront pas à trop à s’inquiéter d’une forte hausse des frais. «La grande banque est déjà en forte concurrence avec les banques cantonales comme Raiffeisen et Postfinance», assure l’expert. Autrement dit, la nouvelle entité ne pourra guère se permettre d’augmenter ses frais. Car davantage de clients se tourneraient alors vers la concurrence.
Il devrait en revanche être plus difficile pour les entreprises de demander un crédit. «Il sera plus compliqué de négocier et de marchander, regrette Dirk Renkert. J’ai aussi du mal à imaginer que les PME suisses veuillent s’adresser à des banques étrangères.»
Une nouvelle «pression sur les prix»
Qu’en est-il des caisses de pension? Dirk Renkert ne voit pas venir de grands bouleversements pour les bénéficiaires. Certes, avec la reprise de Credit Suisse, l’argent des caisses de pension sera désormais réparti entre moins d’entités. Mais ce changement devrait simplement les conduire à effectuer des appels d’offres pour l’attribution de mandats. «Une nouvelle pression pourrait s’exercer sur les prix», avance le spécialiste.
«Il se pourrait aussi que des prestataires étrangers comme Blackrock aient davantage un pied dans la gestion de fortune», ajoute-t-il. Les caisses de pension suisses se tourneraient ainsi plutôt vers des prestataires étrangers pour la gestion de leurs actifs. Les grands investisseurs, comme Publica, le font déjà de toute façon.
Un marché hypothécaire très diversifié
Et que se passera-t-il sur le marché hypothécaire? «Il est très diversifié en Suisse», assure Dirk Renkert. Les taux d’intérêt hypothécaires sont poussés par le niveau général des taux d’intérêt, les possibilités de refinancement des banques, ainsi que les marges que ces dernières se réservent. «Face à autant d'acteurs, il est plutôt improbable que la marge d'UBS augmente en raison de sa nouvelle taille», poursuit l’expert financier.
Martin Tschopp, directeur du service de comparaison Moneypark, n’imagine pas non plus qu’il y aura un déplacement massif des rapports de concurrence. «Les parts de marché des deux grandes banques se sont réduites ces dernières années, pour atteindre ensemble 25%», argumente-t-il. Parallèlement, le marché hypothécaire croît de 3 à 4% par an.
Moneypark travaille, à lui seul, avec plus d'une centaine de partenaires de financement. «Si quelqu’un a des taux d’intérêt très élevés ou pose des conditions trop restrictives, il passe rapidement à la trappe», avance Martin Tschopp. Ce qui vaudrait également pour la grande banque.