Une caméra dans la brosse à dents de la salle de bains, une dans la prise électrique de la chambre à coucher et des offres insistantes pour des massages. Un médecin et professeur d’université a espionné et harcelé sexuellement au moins onze femmes dans le canton de Berne, et ce, pendant des années.
Sa stratégie: il laissait des femmes vivre gratuitement chez lui dans le Seeland bernois. Il se présentait comme un homme gentil, créant une atmosphère de confiance avec ses victimes, rapporte la «NZZ».
Les autorités ne savent pas avec certitude quand il a commencé. Selon ses propres déclarations, il a commencé à piéger des jeunes femmes dès 2016. Fait troublant: ce professeur avait déjà acheté sur Internet des caméras miniatures dès 2015.
Découvert par hasard
Cet enseignant pervers avait tout prévu: le rideau de douche de la salle de bains ne pouvait pas se fermer complètement. Une caméra dissimulée dans une brosse à dents filmait ainsi les étudiantes sous la douche. Et il ne s’arrêtait pas au voyeurisme. Le Bernois leur proposait régulièrement, et avec insistance, des massages lorsqu’elle sortait de la douche. Selon la «NZZ», il aurait été jusqu’à proposer de l’argent à une femme pour qu’il puisse la prendre dans ses bras: 150 euros pour 15 minutes.
Les agissements de l’homme ont été découverts par hasard. La police enquêtait sur l’un de ses fils lorsqu’elle a perquisitionné la maison du professeur. Sur l’ordinateur portable confisqué, les agents ont découvert des enregistrements montrant différentes femmes dans un dossier intitulé «Geheim» (en français: secret).
Il ne filmait que les femmes qui ne payaient pas
Le professeur a justifié ses actes pervers en expliquant que sa femme et lui n’avaient plus de relations sexuelles. Par ailleurs, il a expliqué qu’il ne filmait «que» les femmes qui vivaient gratuitement chez lui. Quand la relation avec sa femme s’est améliorée, il aurait arrêté de filmer des femmes à leur insu, selon ses dires.
Le Bernois a été condamné en juin 2022 par ordonnance pénale pour violation du domaine secret ou du domaine privé au moyen d’un appareil de prise de vues. Le montant de l’amende: quelque 4400 francs. S’y ajoutent des réparations aux victimes, pas plus de… 2000 francs par personne.
Des victimes laissées-pour-compte
Les victimes sont en colères: elles ne comprennent pas pourquoi ce professeur n’a pas été condamné pour un délit sexuel. «Cet homme a filmé au moins dix femmes nues pendant plusieurs années, et cela n’intéresse tout simplement personne», assène l’une d’elles à la «NZZ».
Selon la loi, le fait que ces femmes aient été filmées nues n’est pas pertinent. Il n’a été condamné que la violation du domaine secret. Même une association d’aide aux victimes a rejeté la demande des femmes concernées, estimant qu’elles n’avaient pas été blessées physiquement ou psychiquement.
Malgré sa conviction, ce professeur continue d’exercer dans des universités en Suisse et en Allemagne.