Des chercheurs de l'Institut de politique économique suisse (IWP) de l'Université de Lucerne ont analysé pour la première fois, à partir de données actuelles, l’évolution des chances de promotion sociale en Suisse. Leurs travaux, dont les résultats ont été publiés lundi, prennent pour référence le «rêve américain» mis à mal.
Aux Etats-Unis, dans les années 1980, la concentration des revenus a fortement augmenté tandis qu'en parallèle, la mobilité sociale a sensiblement diminué. Les chercheurs ont voulu savoir ce qu'il en était en Suisse, où les inégalités de revenus n’ont pratiquement pas évolué depuis les années 1980.
La fratrie comme référence
Pour comprendre si cette stabilité se reflète aussi dans la mobilité sociale, l'étude analyse les revenus des fratries sur une période de quarante ans, dans le but de mesurer l'influence de la famille sur les revenus futurs. Frères et sœurs partagent en général le même foyer parental, mais aussi le même environnement social et évoluent au sein de réseaux similaires. La similarité des revenus des frères et sœurs est donc prise comme un indicateur fiable de l'influence du foyer parental sur le parcours de vie. Plus les revenus des frères et sœurs sont comparables, plus l'influence de l'environnement familial est forte – et plus la mobilité sociale est faible.
En moyenne, seuls 17% des revenus sont attribuables au milieu familial – un chiffre qui n’a jamais dépassé 21% au cours des quarante dernières années, conclut l'étude. Parallèlement, la concentration des revenus des 10% les plus riches reste stable, autour de 30%.
La Suisse affiche des niveaux de mobilité sociale exceptionnellement élevés par rapport aux standards internationaux – supérieurs même à ceux des pays scandinaves, selon l'IWP. Cela suggère un lien étroit entre la répartition des revenus et l'égalité des chances.