Ça ne plaît pas à tout le monde
L'OTAN pourrait installer une antenne stratégique à Genève

Berne se prépare déjà à l'arrivée de l'organisation de défense, mais ce nouvel office ne plaît pas à tout le monde.
Publié: 11.10.2023 à 19:17 heures
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Dernière mise à jour: 07.11.2023 à 12:17 heures
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Le secrétaire général Jens Stoltenberg aimerait installer un bureau de l'OTAN sur le site de l'ONU.
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

L'Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) veut ouvrir un bureau de liaison à Genève, écrit le «Tages Anzeiger», repris par la «Tribune de Genève» mercredi. L'antenne s'installerait sur le site de l'ONU, et comprendrait un directeur, sans titre d'ambassadeur, et deux ou trois collaborateurs ou collaboratrices.

À Berne, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) confirme les faits, mais ne s'arrête pas là. L'administration fédérale effectuerait déjà des préparatifs pour que l'OTAN puisse être accueillie en Suisse, après une décision du Conseil fédéral.

La Suisse entretient des liens avec l'alliance

Le secrétaire général de l'alliance de défense, Jens Stoltenberg, connaît bien la Genève internationale. Il avait reçu en mars la conseillère fédérale Viola Amherd, en charge de l'armée. Leur entretien portait notamment sur les possibilités de renforcer la coopération en matière de politique de sécurité.

La Suisse entretient par ailleurs des relations diplomatiques avec l'OTAN. Elle dispose d'un ambassadeur accrédité auprès de l'alliance à Bruxelles, Philippe Brandt, qui est aussi ambassadeur en Belgique.

Le bureau de l'OTAN à Genève fonctionnerait sur le même modèle que ceux de New York, similaires au siège de l'Organisation des Nations Unies (ONU), et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Vienne.

Collaboration depuis les années 1990

Pour un porte-parole du DFAE, interrogé par le quotidien genevois, ouvrir un bureau de liaison de l'OTAN à Genève ne s'opposerait pas au droit de la neutralité. L'alliance militaire est une organisation intergouvernementale, au sens de la loi suisse sur l'État hôte.

À Genève, l'association entre diplomatie de paix et alliance de défense interroge. Mais pour un diplomate interrogé dans le «Tages Anzeiger», les institutions créées à la suite de la Seconde Guerre mondiale ont le même objectif de paix et de sécurité.

L'OTAN souligne sur son site web sa coopération avec l'ONU depuis les années 90. Elle met en avant leur collaboration dans la promotion de la paix et la gestion des crises, notamment via des opérations militaires en Bosnie-Herzégovine, en Afghanistan et en Libye, basées sur des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.

De plus, le siège européen de l'ONU est important pour l'OTAN, car c'est là que les Nations Unies coordonnent toutes les organisations mobilisées en cas de crise, qu'il s'agisse de catastrophes naturelles, de crises de famines ou de réfugiés.

Macron opposé à un bureau au Japon

À Vienne, il avait été reproché à l'OTAN de s'être installée à l'insu de tous, dissimulant la nouvelle dans un procès-verbal de réunion. Une représentation au Japon a également été envisagée, mais l'idée a semé la discorde lors de la réunion des chefs d’État et de gouvernement à Vilnius. Emmanuel Macron avait alors bloqué les plans.

La présence de l'OTAN au bout du Léman ne plaît pas à tous les acteurs politiques suisses. Le conseiller national Nicolas Walder (Les Vert-e-s/GE) confie au média alémanique que la proximité de l'alliance militaire avec l'ONU et la Croix-Rouge «pourrait avoir un effet positif sur le respect du droit international humanitaire par les troupes de l'OTAN».

Franz Grüter, conseiller national (UDC/LU) et président de la Commission de politique extérieure soutient que la Suisse, en tant que nation «indépendante et neutre», ne devrait pas «être un site pour des alliances de défense». Il estime que le renforcement des liens avec l'OTAN ne peut pas être toléré.

Exonération fiscale

La décision du Conseil fédéral d'approuver le nouvel bureau de l'OTAN dépendra de la date à laquelle l'organisation soumettra officiellement sa demande. Les collaborateurs bénéficieraient de l'immunité contre les poursuites pénales, de privilèges de séjour en Suisse et d'exonérations fiscales, comme le prévoit la loi sur l'État hôte.

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