Bubu Marty se sent doublement lésé. Ce natif de Soleure, qui vit dans le centre-ville de Bâle depuis plus de trente ans, doit soudainement payer son stationnement nettement plus cher. Bâle est la première ville de Suisse à non seulement augmenter ses tarifs de stationnement, mais aussi à faire payer les résidents en fonction de la longueur de leur véhicule.
La «pénalité SUV» fait des vagues. Le TCS prévoit d'ailleurs de la contester à l'aide d'une pétition. Le cas de Bubu Marty illustre les écueils du nouveau système tarifaire: le permis de stationnement résidentiel coûte désormais à ce retraité bâlois le montant maximal de 512 francs, alors même que sa voiture mesure moins de 4,90 mètres, la longueur réglementaire. «Bien sûr, je m’attendais à une augmentation, mais là, c’est tout simplement injuste», s’indigne l'homme. Que s’est-il passé?
Le camping-car est facturé à la place du break
Depuis le 1er janvier à Bâle, trois catégories tarifaires sont en vigueur concernant le stationnement sur les parkings publics. Il faut aujourd'hui débourser 332 francs par an pour un véhicule de moins de 3,90 mètres de long, au lieu de 284 francs. Pour les véhicules de longueur moyenne, le montant est fixé à 422 francs. Et pour ceux qui mesurent plus de 4,90 mètres, il faut ajouter 90 francs de plus.
Bubu Marty conduit une Dacia. Selon le nouveau règlement bâlois, ce véhicule serait normalement soumis à la taxe intermédiaire. Cependant, cet ancien douanier et sa compagne adorent le camping. Raison pour laquelle ils ont acheté un camping-car neuf, il y a environ un an et demi. Longueur: 7 mètres.
Leur camping-car est stationné en dehors de la ville, sur un parking privé. «De toute façon, il ne rentrerait nulle part en centre-ville», explique Bubu Marty. Mais les autorités bâloises n'en démordent pas: depuis cette année, elles utilisent les dimensions du véhicule de 7 mètres pour calculer les tarifs de stationnement en zone bleue.
Litige sur le numéro de change
La raison? La voiture de ville de Bubu Marty, habituellement garée en zone bleue, possède la même plaque d’immatriculation que le camping-car. «Je ne suis pas le seul dans ce cas», affirme-t-il. Il connaît d’autres campeurs bâlois qui, depuis le début de l’année, sont, eux aussi, soudainement considérés comme des contrevenants aux règles concernant les SUV par les autorités municipales. «Certains ont également besoin d’une voiture plus petite en ville.» Malgré cela, ils doivent payer l’amende maximale.
Bubu Marty a reçu la facture, début octobre. Depuis, il tente en vain de faire appel auprès du canton. La loi bâloise est inflexible: si une plaque d’immatriculation interchangeable est utilisée, le plus grand des deux véhicules doit être immatriculé, quel que soit son lieu de stationnement. Le service des transports de Bâle a répondu à la demande de Bubu Marty en précisant que ce calcul était basé sur la taxe sur les véhicules à moteur.
Le canton ne veut pas procéder à d'autres contrôles
«Un système basé uniquement sur l'auto-déclaration ouvrirait la porte à des abus», a déclaré le canton. Le service de contrôle des véhicules à moteur est tout simplement incapable de vérifier lequel des deux véhicules est stationné à quel endroit. De plus, dans la plupart des cas, les voitures sont garées en alternance dans la rue.
Bubu Marty juge les arguments des autorités inacceptables. «Je peux clairement prouver que le camping-car n'est pas stationné sur la voie publique», affirme-t-il. D'autant plus qu'il ne peut même pas s'y garer sans plaque d'immatriculation.
Il a toutefois déclaré que la surtaxe était gérable, pour l'instant. «C'est une question de principe pour moi.» Il bénéficie également du soutien du surveillant des prix Stefan Meierhans. Ce dernier a exigé à plusieurs reprises ces dernières années que les automobilistes détenteurs de permis de stationnement longue durée de la ville ne paient pas plus de 400 francs.
La situation empirera en 2027
Bubu Marty s'inquiète déjà pour l'avenir. A partir de 2027, les taxes à Bâle augmenteront à nouveau. Pour sa voiture de ville, la taxe s'élèvera alors à 560 francs, mais pour son camping-car, elle atteindra la somme considérable de 740 francs.
Le canton reste inflexible. Une plainte auprès de la police cantonale s'est aussi révélée infructueuse. Bien que les autorités disent comprendre la frustration de Bubu Marty, elles ont affirmé que cette procédure était obligatoire. Il peut, néanmoins, faire appel de la décision. Mais cela lui reviendrais à 850 francs, au mininum. «Je préfère d'abord essayer tout le reste», a déclaré le retraité bâlois.