A l'ambassade de l'Iran à Berne
Deux Valaisans décrochent le drapeau des mollahs – et sont désormais punis

Le Ministère public de la Confédération punit deux Iraniens habitant en Valais pour avoir récupéré le drapeau de l'ambassade d'Iran lors d'une manifestation à Berne. Le gouvernement a donné son feu vert à une procédure pénale.
Publié: 25.06.2023 à 14:16 heures
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Dernière mise à jour: 25.06.2023 à 15:01 heures
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Un activiste descend le drapeau dans le jardin de l'ambassade d'Iran à Berne.
Photo: Keystone
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Fabian Eberhard

Ils voulaient simplement donner un signal, disent-ils, contre le régime islamiste iranien, contre l'oppression des femmes, contre la répression brutale: ils sont maintenant punis. Le Ministère public de la Confédération (MPC) a condamné deux Iraniens pour avoir décroché le drapeau des mollahs du mât dans le jardin de l'ambassade iranienne à Berne.

Les hommes – 19 et 47 ans – vivent dans le canton du Valais. Le 1er octobre, ils se sont rendus à Berne et ont participé à une manifestation de solidarité pour le mouvement de libération en Iran. A cette occasion, ils ont escaladé la clôture de l'ambassade et ont descendu le drapeau iranien.

«Acte offensant» pour l'Iran

Par ordonnance pénale, les activistes ont été condamnés à une peine pécuniaire avec sursis, reconnus coupables de violation de la paix publique et de voies de fait contre des emblèmes étrangers. Selon l'article 298 du Code pénal, est puni celui qui, «par malveillance, enlève ou détériore des emblèmes d'un Etat étranger placés publiquement par une représentation reconnue de cet Etat, ou qui se livre à des actes offensants à leur égard.»

Selon l'ordonnance pénale, l'Etat iranien a considéré l'action des deux Valaisans comme un «acte offensant.» Le Ministère public de la Confédération a demandé au gouvernement de Berne l'autorisation de lancer une procédure pénale, nécessaire dans de tels cas, et a obtenu le feu vert.

Joel Weibel, porte-parole du Département fédéral de justice et police (DFJP), le confirme et déclare: «L'autorisation n'est refusée que dans de très rares cas.» Par exemple, lorsque l'intérêt politique de la Suisse doit être protégé. Dans le cas de l'action du drapeau, le DFJP n'avait pas de marge de manœuvre, selon Joel Weibel.

«Le gouvernement suisse a de bonnes relations avec l'Iran»

Blick a pu s'entretenir avec le plus âgé des deux condamnés. Celui-ci souhaite garder l'anonymat et se contente de dire: «Malheureusement, le gouvernement suisse a de bonnes relations avec l'Iran et ne veut pas les mettre en danger.» Selon lui, il était désespéré au moment de l'action et voulait donner un signal. La raison: «La police iranienne a abattu mon petit frère.»

Depuis septembre, des centaines de personnes ont été tuées lors de manifestations contre le régime des mollahs. Déclenchés par la mort de Mahsa Amini, arrêtée et maltraitée par la police des mœurs à Téhéran, des jeunes se révoltent dans tout le pays.

Certes, la révolte est devenue plus silencieuse, mais les protestations se poursuivent – en Iran, comme en Suisse. «Il est important que nous restions attentifs et que nous suivions ce qui se passe en Iran», déclare Saghi Gholipour, activiste du réseau Free Iran Switzerland. Selon elle, le mouvement pour la liberté est toujours très actif. Seules les formes de protestation auraient évolué.

Anniversaire de la mort de Masha Amini

Au début, les manifestations de masse dominaient. Désormais, les femmes sortent en public sans foulard. Chaque nuit, les gens crient des slogans depuis leurs fenêtres. Et lorsque le jour se lève, des graffitis contre le régime s'affichent sur les murs des villes.

En Suisse, le réseau Free Iran Switzerland se prépare pour l'anniversaire de la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre. «Nous prévoyons une grande manifestation à Bâle», annonce Saghi Gholipour.

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