Copper Mountain, jeudi dernier – Corinne Suter se prépare pour une séance d’entraînement en super-G. La championne olympique de descente est prête à s’élancer, mais un message radio la retient: «Arrêt du départ, Lara est tombée». Par «Lara», il faut entendre Lara Gut-Behrami. «Cela a ensuite pris un temps fou avant que le départ ne soit à nouveau autorisé», se souvient Corinne Suter.
«Une erreur de trajectoire banale»
Le forfait de Lara Gut-Behrami fait grimper la pression sur la Schwytzoise, désormais clairement numéro 1 de l’équipe de vitesse suisse. On attend d’elle des performances constantes dans le haut du classement. Mais Stefan Abplanalp, entraîneur de Swiss Ski, reste confiant: «Corinne a montré de très bonnes performances lors de la préparation de la saison »
Ces deux dernières semaines, Corinne Suter et ses coéquipières ont toutefois été mises à rude épreuve. Les températures exceptionnellement élevées dans le Colorado ont rendu l’enneigement à Copper Mountain extrêmement faible. La plupart des entraînements se sont donc déroulés sur des pistes fortement raccourcies. «Je suis néanmoins convaincue que nous avons tiré le meilleur parti de cette situation très difficile», affirme la championne du monde de descente 2021. «Une très bonne dynamique s’est développée au sein de notre équipe, et l’ambiance a toujours été excellente, sauf le jour de l’accident de Lara.»
Corinne a visionné la chute de Lara Gut-Behrami: «Lara a commis une erreur de trajectoire, comme nous en avons toutes commises. La marge entre succès et chute est particulièrement étroite en ski. Mais c’est précisément ce qui rend ce sport si passionnant pour moi.»
Les souvenirs cruels du 13 septembre
En septembre, au Chili, Corinne Suter a été confrontée à la face la plus sombre de son sport. «J’étais à La Parva lorsque l’Italien Matteo Franzoso a fait une chute si grave lors d’un entraînement de descente qu’il est décédé quelques jours plus tard à l’hôpital. Je n’ai pas vu la chute, mais j’ai vu le lieu de l’accident et les visages de ses coéquipiers. Horrible!»
La quintuple médaillée des championnats du monde avoue ne pas avoir encore totalement intégré ce décès: «Je ne connaissais pas Matteo personnellement, mais des histoires aussi terribles me touchent profondément. Je ne peux pas les occulter facilement, surtout lorsque je m’entraîne avec les Italiennes. À ce moment-là, tout remonte à la surface.»
Un entraînement spécial à Saint-Moritz
Samedi prochain, les Suissesses disputeront deux courses de Coupe du monde à Copper Mountain (slalom géant samedi, slalom dimanche). Corinne Suter, qui s’est déjà classée dans le top 15 en géant, ne participera pas ce week-end: «J’ai manqué de peu les 500 points de Coupe du monde l’hiver dernier, je n’obtiens donc pas un numéro favorable en slalom géant. Je me concentre donc entièrement sur les disciplines de vitesse.»
Dimanche, elle a quitté Denver pour rentrer en Suisse. Après une semaine de pause, les Suissesses pourront profiter de l’avantage d’évoluer à domicile pour les courses de Coupe du monde de décembre à Saint-Moritz (descente et super-G). «Cette année, nous sommes la seule équipe à pouvoir nous entraîner sur la piste de Saint-Moritz avant les courses. C’est vraiment super», se réjouit Corinne Suter. Les conditions d’entraînement en Engadine devraient cette fois être nettement plus favorables qu’à Copper Mountain.