Max Verstappen (28 ans) est depuis plusieurs semaines le pilote qui, grâce à son tempérament de combattant, maintient le suspense dans la course au titre mondial. À Las Vegas (double disqualification) comme dimanche soir à Doha, les dirigeants de McLaren, dépassés, lui ont involontairement facilité la tâche.
Avec ce 70e succès en Grand Prix, le Néerlandais de Red Bull-Honda ne compte plus que 12 points de retard sur le leader du championnat, Lando Norris, à l’approche d’Abu Dhabi. Oscar Piastri, parti en pole, se retrouve à 16 unités.
À Las Vegas, McLaren n’avait pas tenu compte des alertes envoyées par les capteurs sous le plancher: usure excessive. Sanction logique, zéro point. Au Qatar, l’écurie a de nouveau voulu appliquer ses sacro-saints principes «maison». À la suite de l’accrochage Hülkenberg/Gasly, le Safety Car est entré en piste dès le septième tour.
Verstappen a immédiatement plongé aux stands pour changer de pneus, tandis que Norris — comme son coéquipier — restait en piste. Quelle lecture catastrophique de la situation. Seul Ocon (Haas) ne s’est pas arrêté.
Selon la nouvelle règle adoptée à Doha (maximum 25 tours sur un même train de pneus), la neutralisation arrivait au moment idéal pour tous — sauf pour McLaren. Ainsi, pour l’ensemble du peloton, il restait juste assez de marge pour n’effectuer qu’un seul arrêt jusqu’au terme des 57 tours.
«Cela n'aurait pas dû nous arriver»
Lorsque la voiture de sécurité s’est retirée après quatre tours, Verstappen ne se trouvait plus qu’à quelques mètres de Piastri et Norris au moment du nouveau départ. Les deux McLaren savaient alors qu’ils ne pourraient plus contenir le triple champion en titre. «Ça ne devait pas nous arriver. Une erreur stratégique évidente», ont reconnu, abattus, les pilotes en orange. Un constat difficilement contestable.
De telles offrandes, Verstappen ne les laisse jamais passer. «Nous avons encore gagné en équipe. Maintenant, tout est possible! Et nous ne serons pas nerveux», jubilait-il à l’arrivée.
Scène controversée entre Antonelli et Norris
Dans le final, une séquence a fait débat. Tandis que Verstappen maîtrisait Piastri sans trembler, la lutte pour la troisième place faisait rage, 15 secondes plus loin: Sainz (Williams), Antonelli (Mercedes) et Norris se rendaient coup pour coup.
Pendant dix tours, Antonelli a tenu Norris en respect. Puis soudain, le Britannique est passé. Erreur de pilotage? Peut-être. Ou consigne d’équipe? Mystère.
Mercedes avait peut-être intérêt à favoriser son partenaire motoriste McLaren dans la course au titre contre Red Bull. Les Flèches d’Argent pouvaient se permettre de céder une place: la deuxième position constructeur était déjà assurée face à Red Bull et Ferrari (Leclerc 8e, Hamilton 12e).
«L’idée selon laquelle (Kimi Antonelli, ndlr) aurait laissé passer Norris est difficile à comprendre. Il a simplement commis une erreur, frustrante pour lui comme pour l’équipe», a commenté Toto Wolff. Une déclaration qui, en creux, disait tout: Mercedes n’était pas à l’aise avec ce cadeau. Et Antonelli, de son côté, a manqué l’occasion de dépasser Hamilton au championnat.
Pour Verstappen, ce présent discutable fait évoluer les calculs. Avec huit victoires cette saison (contre sept pour Norris et Piastri), le Néerlandais ne sera titré qu’à une condition: que Norris ne termine ni deuxième ni troisième.
Cap maintenant sur un dernier duel dans le désert. Dimanche à 14h (heure suisse), Abu Dhabi pourrait battre tous les records d’audience.