Reportage chez Diego
Naples tremble déjà de plaisir

Naples a une occasion en or de remporter son quatrième scudetto ce vendredi. À quelques heures du coup d’envoi, cette ville folle de football brûle déjà de ferveur.
Publié: 14:43 heures
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Dernière mise à jour: 14:46 heures
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Naples a l'occasion ce vendredi soir de remporter son quatrième scudetto.
Photo: DR
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Il peut arriver, parfois, au détour d’un compte-rendu ou d’un reportage, qu’un journaliste en quête de sensations fortes ou de grandes phrases, se laisse aller à des figures de style un brin exagérées. Yverdon Sport est relégué en Challenge League depuis jeudi, 22h30, et il serait tentant de dire qu’une ville entière pleure la chute de ses héros. Ou plus, positif, que toute la population de Winterthour s’est réveillée avec le sourire ce vendredi matin, même celles et ceux qui devaient se lever à 5h25 pour prendre le bus sous la pluie afin de se rendre à un travail qu’ils n’aiment pas. Tout ceci s’appelle des raccourcis journalistes un peu trop hyperboliques pour être sincères, dans un sens comme dans l’autre.

Mais pour le passionné de football qui débarque en ville de Naples ce vendredi à midi, pas besoin de forcer le trait ou d’user de formules stéréotypées: le football est absolument partout, alors que le Napoli peut remporter son quatrième scudetto ce vendredi, en accueillant Cagliari dès 20h45. Si les hommes d’Antonio Conte s’imposent, ils seront champions, peu importe le résultat de l’Inter à Como dans le même temps.

Alors, Naples vibre, brûle déjà, s’enflamme pour ses héros. Littéralement, sans exagérer le moins du monde, une personne sur deux porte un accessoire de son club préféré, que ce soit un maillot, une écharpe, un training, un bandana ou un t-shirt. Les maillots de Kvicha Kvaratskhelia sont les plus nombreux, et de loin, alors que le Géorgien est parti au mercato d’hiver. Ceux de Scott McTominay suivent à bonne distance, mais le héros populaire, celui qui est absolument partout, s’appelle évidemment Diego Armando Maradona, très sobrement appelé D10S ici.

Diego Maradona est partout

Autour de la fresque murale à sa gloire, tout en haut des quartieri spagnoli, se pressent des centaines de fidèles. Ils portent des maillots de l’Argentine, de Boca Juniors, de Naples, ou même ceux à son effigie personnelle. A quelques mètres de là, une boutique ultra-fréquentée vend les produits officiels à son nom (t-shirts, maillots, tasses, porte-clés, linges de bain…). A peine plus loin se trouve le restaurant «Il Tempio di Maradona», où trônent plusieurs maillots de l’inoubliable meneur de jeu du Napoli.

Devant l’établissement, une télévision retransmet ses exploits des années 80 et voilà Gianni, le patron, qui sort. «Venez manger chez moi! Bienvenue dans le temple de Maradona!» On ose une question: Diego est-il déjà venu en personne ici? «Lui, non, nous avons ouvert après sa mort. Mais sa fille est venue», assure Gianni, qui compte les heures en attendant le coup d’envoi de ce soir.

Les Napolitains sont prêts à s'enflammer

Partout à Naples, en ce vendredi, il n’y a que du bleu, du bleu et du bleu. La pression est telle que le gardien de Cagliari, originaire de Naples et prêté par le club cette saison, s’est inventé une blessure imaginaire pour ne pas être dans le but sarde ce soir. Comment imaginer qu’il arrête tous les ballons et prive son club de cœur de titre? Et que se passerait-il s’il encaissait un but douteux? Décision a été prise et elle est sans doute la plus sage: pas de match pour lui.

À Naples, la passion se transmet de génération en génération.

Naples, cette ville fascinante, bruyante et belle, passionnée et vivante, désorganisée et dévorante, sait rester lucide: cette saison n’est pas la plus aboutie de l’histoire et les vainqueurs de 2025 resteront moins dans les mémoires que leurs prédécesseurs de 2023, cette joyeuse bande emmenée par Victor Osimhen et coachée par Luciano Spalletti, qui avait surpris toute l’Italie pour aller chercher le premier titre depuis Diego.

Ce scudetto-là, celui qui se profile en cette belle journée ensoleillé, est tout aussi inattendu, mais il doit beaucoup à l’effondrement de l’Inter. Qu’importe: si Naples bat Cagliari ce soir, ou si l’Inter ne gagne pas à Como, alors Naples prendra feu. Là, d’accord, il s’agit d’une figure de style exagérée. Mais il fera tout de même chaud en ville. Très chaud.

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