Et à la fin, ce n’est pas toujours l’Allemagne qui gagne. Héroïques pendant 100 minutes à 10 contre 11 face à la France en quarts de finale (1-1; 6-5 tab), les protégées de Christian Wück ont montré le même état d’esprit en demies, mercredi au Letzigrund. Mais elles ont cédé à la 113e contre les Espagnoles, sur un coup de génie d’Aitana Bonmati (1-0 ap). «Nous sommes totalement lessivées, déçues et au bout du rouleau», résume Giovanna Hoffmann. Le rêve de finale s’évapore, c’est la Roja qui défiera l’Angleterre pour le titre, dimanche à Bâle (18h). «Même si nous avons été éliminées, je pense que nous avons fait un super tournoi. Je dois le dire très honnêtement, je suis fière de cette performance», rajoute Sara Däbritz.
Les Allemandes peuvent, en effet, avoir des regrets. Elles ont régulièrement mis les championnes du monde dans leurs petits souliers. Le plan germanique était simple: laisser la possession du cuir à l'adversaire et le surprendre lors de contres éclairs ou sur coups de pieds arrêtés. «Nous avons eu nos chances, poursuit l’attaquante. Aujourd'hui (ndlr: mercredi), il faut dire que nous aurions pu gagner ce match.» Notamment dans les arrêts de jeu, avec une double parade de Cata Coll, sur un tir contré de Klara Bühl et une reprise de Carlotta Wamser. Comme le rappelle Hoffmann, il s’en est fallu, à plusieurs reprises, «de quelques millimètres».
«Je suis incroyablement désolée»
En termes d’occasions franches, les Espagnoles n’ont pas dominé les Allemandes. «Nous avons très bien défendu pendant une grande partie du match, nous sommes restées compactes, nous avons bien redoublé, analyse Sara Däbritz. Et nous avons aussi eu nos temps forts. Mais cela n'a pas suffi. Il nous a peut-être manqué un peu de chance sur l'une ou l'autre de nos occasions. C'est une défaite amère.» D’autant plus qu’elle est survenue alors que les coéquipières de Jule Brand semblaient prendre le dessus, malgré leur marathon de samedi dernier. Jusqu’à cette erreur de jugement d’Ann-Katrin Berger.
De la 1re à la 112e minute, la gardienne s’était, dans la lignée de sa performance contre la France, à nouveau montrée impériale. Avant de se faire surprendre par Aitana Bonmati au premier poteau. «J'assume ma responsabilité, indique la portière de 34 ans au micro de la chaîne ARD. Mon angle doit être fermé, c'est clair. Je suis déçue de moi-même, d'autant plus que ce match, il aurait dû être le mien. Je suis incroyablement désolée pour l'équipe.» Au vu du tournoi qu’elle a fait, ses coéquipières ne lui en tiendront pas rigueur. Ni son sélectionneur. «Elle a fait des arrêts incroyables qui font que nous sommes là et on ne va pas la blâmer», résume Christian Wück. Sans elle en effet, pas sûr que l'Allemagne aurait atteint le dernier carré.
Une équipe d’avenir
Lors de ce Championnat d’Europe, les Allemandes ont montré que leur élimination lors de la phase de poules du Mondial 2023 était de l’histoire ancienne. Elles avaient déjà rectifié le tir l’été dernier en remportant la médaille de bronze aux JO de Paris. Et, depuis la nomination de Christian Wück, elles ont franchi un palier, malgré le rajeunissement du groupe. «Nous sommes incroyablement fières de représenter notre pays. Cette mentalité dont nous avons fait preuve sur le terrain, nous allons continuer à la montrer dans le futur, promet Giovanna Hoffmann. Nous poursuivrons dans cette voie et nous montrerons qu'il n'y a pas de limites pour nous.» Et Sara Däbritz d’ajouter: «Cette équipe a un avenir très prometteur. Nous avons beaucoup de jeunes joueuses dans nos rangs. Elles n'ont pas encore disputé beaucoup de matches internationaux, mais elles ont vraiment disputé un Euro exceptionnel.»
En évoquant le futur, les Allemandes pensent bien sûr à la Coupe du monde au Brésil dans deux ans. Mais ce n'est pas pour tout de suite. La prochaine échéance de la «DFB-Frauen»? Les demi-finales de la Ligue des nations contre la France, fin octobre. Des retrouvailles qui promettent, les Bleues ayant en travers de la gorge leur élimination aux tirs au but en quarts de finale.