«La FIFA vit dans une autre réalité»
Trop cher, le Mondial 2026 dégoûte même le fan le plus fidèle de l’équipe de Suisse

Lianel Gay se réjouissait. L'été prochain, il va vivre sa sixième Coupe du monde en tant que supporter de l’équipe de Suisse. Mais les prix affolants des billets lui «donnent la gerbe», lui qui a déjà vu 180 matches de la sélection à croix blanche.
Lianel Gay (la casquette à l'envers) a déjà vécu 180 matches avec l'équipe de Suisse.
Photo: keystone-sda.ch
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Matthias DavetJournaliste Blick

Le message sur les réseaux sociaux exprime la colère, et même le dégoût de Lianel Gay. Chaque deux ans, c’est (normalement) une fête qui attend ce Valaisan, plus fidèle supporter de l’équipe de Suisse avec ses 180 matches au compteur. Avec la qualification régulière de la Nati pour les grandes compétitions, il voit du pays. «Tu assistes aux matches de qualification parce que tu adores ça, souligne-t-il. Mais l'Euro ou la Coupe du monde, c'est le petit sucre en plus.»

Ce voyage en Amérique du Nord, l’été prochain, était l’occasion pour lui de se rendre à San Francisco, Los Angeles et Vancouver, là où la troupe de Murat Yakin va respectivement défier le Qatar (13 juin), le vainqueur du barrage européen (18 juin) et le Canada (24 juin), l'un des trois pays hôtes de ce futur Mondial. Pas une nouveauté pour le groupe de supporters, qui a déjà expérimenté la côte ouest des USA cette année.

Cette semaine, Lianel Gay a réservé hôtels et vols pour le périple. Un certain coût déjà. «Pour les deux semaines, ça nous revient à peu près à 2500 CHF par personne, détaille-t-il. C'est correct, mais c'est sans compter les visites sur place, la nourriture… ou l'alcool. On en aura besoin pour oublier tout ça.»

Un prix exorbitant pour la finale

«Tout ça», ce sont les prix des billets communiqués ce matin à Lianel Gay et aux autres supporters suisses. Pour le premier match face au Qatar, ils varient entre 140 et 450 dollars américains (environ 111 et 358 CHF). Et ça, c'est le minimum. En vue du second match, il faudra débourser entre 180 et 500 dollars, tandis que le match face au Canada va atteindre de nouveaux sommets, avec un prix de 210 CHF pour le billet le moins cher et de 557 CHF pour son opposé. «J'ai eu un sentiment de dégoût en découvrant les prix, peste le Valaisan. Les gens à la FIFA vivent dans une autre réalité…»

En temps normal, Lianel Gay et les plus fidèles supporters de la Nati réservent des sésames jusqu'à la finale et ceux-ci leur sont remboursés si leur équipe n'atteint pas ce stade. Mais avec un prix minimum de 3330 CHF, il ne va même pas y penser. «Normalement, on paie environ 2000 CHF pour l'intégralité de la phase finale», explique-t-il. En Amérique du Nord, le Martignerain risque de se projeter jusqu'en quarts de finale.

Une pétition à venir?

Car même si les tickets sont chers, l'amour du maillot lui, n'a pas de prix. «Quand tu supportes la Nati depuis 20 ans, tu te sens obligé d'y aller, appuie Lianel Gay. Mais j'ai déjà eu plusieurs messages d'amis de toute la Suisse qui m'ont dit qu'ils n'allaient pas s'y rendre, à cause des prix des billets.»

Alors que la phase de réservation s'ouvre ce jeudi, le Valaisan espère que les choses vont changer… même s'il se fait peu d'illusions. «On veut organiser une pétition avec la FSE (ndlr: Football Supporters Europe), même si je doute que ça fasse changer quelque chose.» Dans l'après-midi, cette association a publié un communiqué, demandant à la FIFA de mettre sur pause la vente de billets – ceux-ci atteignant des «prix astronomiques».

Le problème des «prix dynamiques»

Car là où le bât risque de blesser pour certains supporters, c'est concernant les «prix dynamiques» annoncés par la FIFA. En résumé, l'offre et la demande va réguler le marché et, si à quelques semaines de Suisse - Qatar, des milliers de billets n'ont pas trouvé preneurs, ceux-ci seront disponibles moins chers. Un dilemme pour les fans suisses, qui sont obligés de prendre leurs tickets alloués s'ils veulent être sûrs et certains d'assister à la rencontre. Un risque que Lianel Gay et ses amis ne sont sans doute pas prêts à prendre.

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