Lorsqu’on demande à Nadine Fähndrich et Elvis Fazliu si l’heure du mariage a bientôt sonné, le couple sourit. Puis la meilleure fondeuse de Suisse déclare: «Quand on sait que c’est pour toujours, on n’a pas besoin de bague.» Il y a un an et demi, ils ont emménagé dans un appartement à Knutwil, dans le canton de Lucerne. Les fenêtres panoramiques du salon laissent entrer la lumière dorée du soleil et offrent une vue sur la Jungfrau. «C’était important pour moi d’être proche des montagnes», glisse la championne.
C’est avec ce sens des réalités que Nadine Fähndrich s’est hissée au sommet de l’élite suisse du ski de fond. Malgré un début de saison difficile, la Lucernoise n’a pas été freinée. «Après les premières courses ratées, j’ai dit à mon coach: ça peut encore être la meilleure saison.» Et la suite lui a donné raison avec deux victoires en Coupe du monde et six podiums individuels.
Sans oublier les Championnats du monde à Trondheim, en Norvège: «J’aurais été déçue si j’étais rentrée à la maison sans médaille. En même temps, j’ai accepté le fait que je suis peut-être une athlète qui ne remporte jamais de médaille individuelle lors d’un grand événement.» Cette acceptation lui a visiblement apporté de la décontraction, du calme et de la concentration. Nadine Fähndrich a finalement remporté le bronze en sprint. C’est la première médaille individuelle suisse en ski de fond féminin depuis près de 40 ans. Une semaine plus tard, elle récidivait avec le bronze au sprint par équipe en compagnie d’Anja Weber: «Je cherche encore les mots justes. Soulagement… ou satisfaction peut-être? Cela me rend tout simplement très, très fière.»
Passer la ligne d’arrivée ensemble
Elle a trouvé son plus grand fan en Elvis Fazliu. Les deux se sont rencontrés il y a dix ans lors d’une sortie à Lucerne. L’infirmier en chirurgie de Bâle était bien loin du monde du ski de fond. «Chez nous, à Bâle, on ne connaît pas ça. Je me suis toujours demandé quelles personnes pratiquaient ce sport», raconte le Kosovar en riant. Aujourd’hui, il accompagne sa bien-aimée aussi souvent que possible lors de ses compétitions. Mais pendant les Championnats du monde, il a dû travailler. «C’était difficile pour moi de ne pas être avec elle. J’étais plus nerveux qu’elle à ce moment-là», confie-t-il. Le couple fait toujours en sorte de s’appeler dès que possible. Nadine Fähndrich raconte: «Elvis m’a beaucoup manqué à Trondheim. Dix minutes avant le départ du sprint, je l’appelais encore – mais j’avais ensuite envie de parler de tout sauf de sport. Il me rendait presque encore plus nerveuse!» Les deux rient à nouveau.
On cherchera en vain des larmes de joie chez la sportive. Après son triomphe en compagnie d’Anja Weber, seule cette dernière a fondu en larmes alors que Nadine Fähndrich est restée calme: «Je ne suis tout simplement pas une personne émotive. Je suis certes très contente, mais je n’ai pas envie de pleurer.» Mais les larmes ont pourtant coulé le jour suivant. Son frère cadet Cyril, 25 ans, également skieur de fond, a remporté la médaille d’argent lors du relais masculin. «C’est sorti de moi, ça m’a vraiment touché», concède la Lucernoise.
Sur les traces de la famille
Il faut dire que le ski de fond est une affaire de famille. Son père Kurt Fähndrich était déjà skieur de fond, tout comme son oncle Markus Fähndrich. C’est à l’âge de deux ans que la petite Nadine s’est élancée pour la première fois sur les pistes de ski de fond. Petite, elle participe déjà à des «compétitions» avant l’âge de huit ans.
En 2004, elle regarde les Jeux olympiques d’Athènes à la télévision alors qu’elle est âgée de neuf ans. L’escrimeur Marcel Fischer remporte l’or. «Cela n’avait rien à voir avec mon sport. Mais quand j’ai vu Marcel gagner à l’époque, j’ai su que je voulais faire de même», se souvient-elle. Avec une médaille au Championnat du monde individuel et deux médailles au Championnat du monde par équipe, la gloire s’ouvre à elle pour les Jeux olympiques d’hiver en 2026.
Elle ne s’attendait pas à une telle carrière. «Bien sûr, quand j’étais petite, je rêvais grand. Mais d’une certaine manière, je n’y ai jamais vraiment cru.» Aujourd’hui, elle veut jouer les premiers rôles aux Jeux olympiques. «Ces dernières années, j’ai toujours pu faire de petits progrès, qui sont maintenant réunis dans un grand ensemble. Je suis très fière de ma constance», lance-t-elle.
Les dernières années de Nadine Fähndrich ont été très mouvementées: elle a dû subir à une petite intervention cardiaque en mars 2024 et s’en est très bien remise. Swiss-Ski s’est séparé de son entraîneur de longue date, mais elle l’a engagé à titre privé et continue de s’entraîner avec lui. Nadine Fähndrich a ainsi trouvé la confiance nécessaire pour suivre sa propre voie. C’est la voie d’une athlète qui ne se met jamais en avant, mais qui montre chaque saison plus discrètement et plus résolument qu’elle fait partie de l’élite mondiale. Et qui sait que pour avoir une vie épanouie, il faut plus que des médailles: à savoir quelqu’un qui l’appelle avant les courses et qui restera même si la médaille n’est pas au rendez-vous.