Remorquage et nuits à l'hôtel
Le navigateur suisse Yvan Bourgnon accusé d'avoir menti sur ses aventures

Le navigateur suisse Yvan Bourgnon est accusé d'avoir menti sur le déroulement d'une traversée de l'Arctique en 2017. Selon le «Figaro», il aurait passé des nuits à l'hôtel après avoir été remorqué par un voilier. Des petits détails qui font tache.
Publié: 29.09.2022 à 19:57 heures
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Dernière mise à jour: 30.09.2022 à 11:24 heures
Yvan Bourgnon doit répondre de mensonges face à la justice française. Lors d'une épopée dans l'Arctique en 2017, le navigateur aurait passé des nuits à l'hôtel et se serait fait remorquer par un voilier.
Photo: KEYSTONE
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Thibault GilgenJournaliste Blick

Le skipper suisse Yvan Bourgnon a tout de l'aventurier robuste, intrépide, qui peut se targuer d'en avoir vu d'autres à chaque nouveau défi. Aussi ce «conquérent des glaces» a-t-il hissé sa voile pour partir à l'assaut de l'Arctique.

Nous sommes en 2017 et, à bord de son catamaran Ma Louloute, il a pour ambition de relier Nome, en Alaska, à Nuuk, au Groenland. Le tout se fait sans assistance, dans des eaux où personne n'a jamais réussi pareil exploit. L'objectif initial est louable et passionne les amateurs de sensations fortes: montrer l'avancée du réchauffement climatique. «Dans cette zone, il y a 10 ans, on comptait 90% de glace. Il n’y en a plus que 20%», expliquait-il. Le tout doit se faire en 45 jours, avant que les eaux ne gèlent à la fin de l'été.

Des aventures bidons

Seulement voilà, le natif de la Chaux-de-Fonds est désormais poursuivi en justice. Selon les révélations du «Figaro», le documentariste Pierre Guyot, qui a réalisé plusieurs films aux côtés du Suisse, l'accuse d'avoir menti. Ses moultes péripéties, dignes des récits de Jules Verne, seraient bidons. Son record n'a jamais été homologué, rapporte le quotidien. Le navigateur doit donc répondre de «mensonges par omissions» devant le Parquet français.

Il faut dire que le pédigrée d'Yvan Bourgnon force le respect. Dès l'âge de 8 ans, il embarque avec sa famille et son frère Laurent pour un tour du monde en bateau. Son dernier record en date est celui de la traversée de la Manche, cette année encore. Alors forcément, on se délecte sans réfléchir de ses histoires de marins.

«Que des emmerdes»

Rapportant quelques anecdotes de son périple à travers l'Arctique, l'aventurier racontait à «Monaco Hebdo» n'avoir eu «que des emmerdes». Comme cette fois où un ours serait monté sur son catamaran alors qu'il dormait. Il dégaine une arme, hurle, tente d'intimider la bête. Mais il sait que sa condition d'homme fait de lui une proie facile pour l'animal. L'ours s'en va finalement sans demander son reste.

Mais Yvan Bourgnon manque ensuite de passer au jus. Il percute un morse en plein dans les dents, frôle des icebergs et risque une noyade dans les eaux gelées. Il reste aussi coincé trois semaines dans la glace, sans pouvoir poursuivre son record. Pas de quoi effrayer le marin: «C’est l’approche la plus basique, la plus saine, la plus pure de mon sport. Je me suis vraiment plu là-dedans», assurait-il.

Remorquage par un bateau et nuits à l'hôtel

Les vraies emmerdes sont désormais plutôt les accusations de mensonges dont il est l'objet. Car, toujours selon «Le Figaro», l'homme aurait en réalité passé une nuit sur un voilier à moteur croisé par hasard, le Muktuk. Ce dernier aurait remorqué son catamaran sur une distance de 170 km. Les occupants du voilier, une Allemande et un Néerlandais, lui auraient fourni des vivres et un sac de couchage résistant au froid.

Pendant toute la durée du remorquage, l'émetteur qui permettait de suivre le navigateur à la trace n'a comme par hasard pas fonctionné. Le couple occupant le voilier assure qu'Yvan Bourgnon leur a fait jurer de ne rien dire. Mais il a finalement tout avoué.

Selon le journal français, le Neuchâtelois aurait aussi pris une chambre à l’hôtel Boothia Inn, situé à Taloyoak, au Canada. Il aurait passé neuf nuits dans l'établissement, si l'on en croit la réservation, qui s'étend du 7 au 16 août. Tandis que le monde entier s'imaginait qu'il luttait contre vents et marée, l'homme était en réalité bien au chaud sous la couette. «J’ai dormi à l’hôtel, et alors? Devais-je pour autant renoncer?», demande le Suisse tout en avouant la supercherie.

Il est certain que l'on se préviendra de trop juger les performances d'un marin reconnu, bien assis derrière notre écran. Il n'empêche que l'image d'Yvan Bourgnon en prend un sacré coup.

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