Sixième du général à 27 secondes de Thibaud Nys après la montée vers Les Marécottes, Lenny Martinez est en course pour l'objectif qu'il s'est fixé: finir dans le top 10 du général de ce Tour de Romandie. S'il n'est pas encore l'un des meilleurs grimpeurs du monde, son objectif des prochaines années, son début de saison très réussi permet de se faire une bonne idée de son immense potentiel. Il a notamment terminé deuxième du Gran Camino, en février, terminant l'étape-reine à 16 secondes du grand cador Jonas Vingegaard. Bref, Lenny Martinez est l'un des tout bons coureurs de ce début de saison.
Le contre-la-montre, pas sa spécialité
Après avoir parfaitement maîtrisé la première étape de montagne du Tour de Romandie, ce mercredi entre Fribourg et Les Marécottes, le voilà qui s'attaque ce vendredi à un exercice que ce petit gabarit (1m68, 52 kilos) affectionne moins: le contre-la-montre. «Le but à ce Tour de Romandie, c'est d'être assez fort dans la montagne pour être avec les tout meilleurs et ensuite perdre le moins de temps possible sur les chronos comparé aux coureurs qui ont un gabarit un peu plus fort que moi...», confiait-il avant le départ, lundi. A lui de rouler vite aujourd'hui pour garder tous les espoirs en vie!
A 20 ans à peine, le coureur de Groupama-FDJ est l'un des plus sûrs espoirs du cyclisme français et son début de saison canon a attiré les regards sur lui. Mais il assure que cette attention médiatique et populaire n'a aucune incidence sur son comportement.
«Je ne ressens pas une pression énorme. Je fais du vélo comme j'en ai l'habitude, je ne change pas trop ma manière de faire... Je m'entraîne du mieux possible pour arriver relax sur les courses. J'essaie de faire la meilleure place possible. Si ça marche, tant mieux. Si ça ne marche pas, pas grave.»
«Les gens sont un peu gourmands de rumeurs»
Une philosophie de vie qui lui permet de se détacher de tout le tapage médiatique. «Je ne regarde pas trop les réseaux sociaux... Il faut se mettre dans sa bulle et déconnecter du vélo quand on rentre à la maison. J'ai fait un bon début de saison, je ne peux pas empêcher les rumeurs de transfert de grandir en ce moment. Les gens sont un peu gourmands de rumeurs sur les coureurs, surtout ceux qui marchent bien, surtout un jeune qui est en fin de contrat, donc c'est normal. Ca fait partie du boulot. S'il y a des attentes autour de moi, c'est que je marche et bien et c'est bon signe. Je préfère qu'on parle de moi plutôt que ce ne soit pas le cas, car cela voudrait dire que je n'ai pas de résultats», relativise-t-il, lui qui est annoncé avec insistance du côté de la formation Bahrain-Victorious dès 2025.
«Il faut éviter au maximum de penser aux chutes»
Un sujet d'actualité dans le cyclisme actuel a trait à la sécurité, un thème prioritaire au vu des nombreuses chutes survenues récemment. «J'ai discuté avec un coureur plus âgé dans le peloton. Je lui ai demandé s'il n'avait pas peur, à son âge... Je lui ai posé la question parce qu'il a des enfants, c'est différent de ma situation. Il m'a répondu qu'il avait peur depuis qu'il avait commencé le vélo! On est beaucoup de coureurs dans ce cas, je pense. Pourquoi ça tombe, des fois? Et pourquoi ça ne tombe? Il faut éviter au maximum de penser aux chutes, mais ce n'est pas facile. Il y a beaucoup de tension, je pense que c'est aux coureurs de faire un peu plus attention aussi», explique-t-il, loin de vouloir donner des leçons aux autres. «Cela fait seulement deux ans que je suis professionnel, il y a eu pas mal d'avancées au nivau de la sécurité, ça se développe, ça va dans le bon sens», rappelle-t-il.
S'il explique suivre l'histoire du cyclisme de près, Lenny Martinez avoue être un peu jeune pour avoir connu Pascal Richard, double vainqueur du Tour de Romandie et parrain officiel de cette édition 2024. «Mon père le connaît sûrement», sourit-il, lui qui a eu comme modèle Chris Froome, quand il était gamin. «Au tout début de mon intérêt pour le cyclisme, je me rappelle avoir regardé le Tour, l'année où il le gagne avec Sky.»
La Suisse plutôt que la France? C'est non!
Comme beaucoup de sportifs d'élite français, notamment des tennismen, se voit-il habiter en Suisse, lui qui va très probablement bientôt signer un beau contrat? Il sourit. «Non, pour l'instant, je suis bien en France. J'aime bien mon pays. J'habite dans le sud et avec la mer, c'est joli. Même si votre pays est magnifique aussi, je suis bien en France», répond le Cannois, amusé par la question.
Seul, ça passe. A deux, moins facilement
Il ne compte donc pas déménager en Suisse... d'autant qu'il s'est fait klaxonner une ou deux fois par des automobilistes romands visiblement peu amis des cyclistes alors qu'il repérait les routes du contre-la-montre d'Oron. «Oui, c'est vrai... La cohabitation avec les voitures est un peu compliquée, mais en France c'est pareil! Le problème, je l'ai remarqué, c'est quand on est deux de front. Tout seul, en général, ça va. Mais ce n'est pas propre à la Suisse», relève-t-il dans un sourire.