Oui, Schaffhouse est une petite ville, mais pour une fois, elle accueille un grand évébement! Tout au nord de la Suisse se préparent en effet les championnats du monde de curling masculin, qui débuteront samedi et se termineront en apothéose le 7 avril avec les finales.
La ville affiche ses couleurs, avec des drapeaux partout dans la cité et une euphorie certaine. Ceux qui ont un billet pour les matches à venir dans l'IWC Arena peuvent s'estimer heureux, même s'il reste encore quelques places libres. Mardi matin, l'équipe du skip Yannick Schwaller s'est présentée dans un décor magnifique et typique. Les chutes du Rhin étaient spectaculaires, le temps était plutôt sympathique, les attentes très élevées.
Le dernier titre de champion du monde il y a 32 ans
Ce ne sera pas une promenade de santé pour l'équipe suisse, car l'élite mondiale est dense et le tournoi est composé des meilleurs joueurs. L'Écosse, la Suède, le Canada, les Italiens: tous veulent l'or. Les Suisses se présentent eux aussi pour réaliser enfin ce qui a été accompli pour la dernière fois en 1992 sous la direction du skip Markus Eggler: Ils veulent enfin remporter à nouveau l'or aux championnats du monde.
Le skip Yannick Schwaller est entouré de camarades formidables: le Genevois Benoît Schwarz-van Berkel, Sven Michel et Pablo Lachat, le Vaudois de l'équipe, sont motivés jusqu'au bout des ongles pour écrire l'histoire dans la ville de la célèbre forteresse Munot. Cela fait à peine deux ans que le quatuor est ensemble et qu'il forme une sorte d'équipe all-atar, constituée à partir d'anciens rivaux nationaux. «Bien sûr, nous avons d'abord dû nous trouver», explique l'expérimenté genevois Benoît Schwarz-van Berkel. «Mais maintenant, chacun sait ce qu'il a à faire. Nous avons une hiérarchie horizontale dans l'équipe, un objectif commun. Nous nous présentons pour gagner et nous voulons nous améliorer constamment».
Deux anniversaires pour le début des championnats du monde
Le skip Yannick Schwaller devra assumer une grande responsabilité dans la mission vers l'or aux championnats du monde. Ses coéquipiers ne ménagent pas leurs éloges, mais soulignent aussi que tous les quatre se trouvent sur un pied d'égalité, indépendamment de leur rôle et de leur âge. Sven Michel dit du Soleurois: «Yannick est très déterminé, il travaille méticuleusement et veut toujours gagner. Il transmet cette volonté à toute l'équipe». Sven Michel fête son anniversaire samedi, il aura 36 ans. «Ce serait bien de pouvoir aller se coucher le soir avec une victoire contre les Etats-Unis. Un repas en commun sera certainement de la partie. Un verre de vin aussi, sans doute».
Yannick Schwaller fête son anniversaire dimanche. Son plus grand souhait: «Que nous puissions alors déjà fêter un début de championnat du monde réussi. Ce serait important». Sven Michel et Yannick Schwaller sont habitués à ce que leurs anniversaires aient souvent lieu lors de grands événements. Ce n'est donc pas un problème, plutôt un moment sympa.
Le football est un sujet brûlant
Le Vaudois Pablo Lachat est le jeune de l'équipe. Sa jeunesse est un atout pour tous. «Une remarque par-ci, une plaisanterie par-là, cela fait partie du jeu quand on vit ensemble pendant neuf jours en étant très concentrés», dit-il. Et oui, la pression sur les Suisses n'a probablement pas diminué après que les Suissesses de la skip Silvana Tirinzoni ont dû se contenter pour une fois de l'argent la semaine dernière au Canada après avoir remporté quatre titres mondiaux consécutifs.
Dès jeudi, les Suisses prendront leurs quartiers à l'hôtel Vienna, juste derrière la gare de Schaffhouse. Chaque athlète dispose d'une chambre individuelle. «C'est positif», estime Schwaller. «Cela permet de pouvoir se retirer quand on le souhaite.»
Mais l'esprit d'équipe va au-delà du curling. Les quatre athlètes ont suffisamment de sujets de discussion. Le football est très important. Schwaller, le fan du Bayern, n'est pas à court d'arguments lorsqu'il discute du classement de la Bundesliga avec Sven Michel, le supporter de Liverpool et de Dortmund. «Nous ne nous ennuierons certainement pas», disent-ils tous les deux. Et s'il devait y avoir des tensions dans l'équipe, un psychologue du sport est là pour les canaliser.
Quatre hommes sur un pied d'égalité
Benoît Schwarz, le plus calme de l'équipe, ne peut qu'en sourire. Doté d'une grande expérience, il maîtrise toujours ses émotions. Comme il n'est que le quatrième à prendre les pierres et qu'il est donc responsable de l'assise des deux dernières pierres suisses, c'est très bien ainsi. Schwarz, qui s'appelle Schwarz-van Berkel depuis l'année dernière parce qu'il s'est marié, promet qu'il se lâcher émotionnellement si la Suisse remporte le titre mondial. «Ce serait immense». En interne, il est considéré comme «l'homme de glace», celui qui garde ses nerfs, quelle que soit la tension sur la glace.
Quatre hommes qui ont un grand objectif commun, qui veulent saisir la chance unique de réaliser à aller chercher l'or mondial dans leur propre pays pour devenir des légendes... cette situation de départ promet beaucoup. Pour les spectateurs aussi.
Les échecs sur glace
En Suisse, le curling fait certes encore partie des sports marginaux, mais il fascine autant les joueurs que les spectateurs. Il n'y a certes pas de chutes spectaculaires. Il n'y a pas de course ou d'acrobaties, pas de duels roue contre roue ou homme contre homme, pas de fautes, généralement pas de blessures graves. C'est peut-être cette absence d'agitation qui est si fascinante.
Les mimiques des curleurs, saisies en gros plan pendant quelques secondes, l'attente du prochain coup de génie qui peut tout faire basculer. Le suspense est particulièrement intense lorsque les joueurs se trouvent dans une situation difficile et négocient le prochain coup. C'est alors que chaque spectateur se rend compte à quel point ce sport est bien plus qu'un simple lancer de 42 mètres d'une pierre de près de 20 kilos. Ce sont des échecs sur glace. Un jeu d'intelligence et de patience, une ode à l'attention, une merveilleuse diversion à l'agitation dont nous sommes déjà suffisamment victimes au quotidien.