Il a donné sa parole. Et s’il la tient, Donald Trump peut sauver l’Ukraine lorsqu’il rencontrera vendredi 15 août Vladimir Poutine à Anchorage, en Alaska. Sa parole? Tout faire pour obtenir du président russe un cessez-le-feu dont la garantie reposerait ensuite largement sur les épaules des Européens. En clair: Trump a promis que l’arrêt des combats est son objectif prioritaire. Ce qui suppose de sa part de fortes pressions sur son homologue russe, dont l’armée vient d’effectuer une percée d’une dizaine de kilomètres sur le front ukrainien.
Pourquoi présenter Trump comme un possible sauveur de l’Ukraine? Parce que s’il ne dévie pas de la trajectoire présentée ce mercredi aux dirigeants européens, et qu’il obtient gain de cause en Alaska, sur sol américain, le président des Etats-Unis aura réussi un coup double. D’abord stopper l’hémorragie de destructions matérielles et humaines provoquées par les frappes russes depuis des semaines. Ensuite redonner à l’Ukraine les moyens de se préparer à une paix qui, si elle intervient, sera à coup sûr coûteuse en territoires et en sacrifices politiques.
L’autre scénario
Trump, à l’inverse, peut ne pas tenir sa parole et commencer à promettre à Poutine un échange de territoires sans l’aval des Ukrainiens. Ce scénario, s’il devait avoir lieu, serait pour lui le pire de tous. Le chef de la première puissance mondiale vendra le sort d’un pays allié à son bourreau, sans garanties aucune et pour le seul bénéfice d’une éventuelle coopération économique future.
Lui qui veut tant, dit-on, obtenir le Prix Nobel de la paix se retrouverait, de facto, en promoteur d’une solution immorale, inacceptable et mercantile. Une image qui ternirait pour de bon son second mandat. En envoyant à tous les alliés des Etats-Unis un message résumé par une formule: «Ne comptez plus sur nous».
Les Européens, de leur côté, vont devoir maintenant démontrer qu’ils ne sont pas seulement capables de se plaindre ou de réclamer l’aide de l’Amérique. Si Donald Trump ramène de l’Alaska un cessez-le-feu, leur force de «réassurance» devra immédiatement se matérialiser en Ukraine pour dissuader la Russie de reprendre les combats. Ne pas agir, et ne pas prendre de risques à ce moment précis, marquerait en revanche leur impuissance définitive. Surtout si Trump a fait, au final, le pas voulu dans leur direction.
Zelensky assiégé
Trump peut sauver l’Ukraine, enfin, si Volodymyr Zelensky, ce président assiégé, a le courage de préparer son pays à d’inévitables concessions. Sa résistance personnelle et celle de son peuple, aussi héroïques soient-elles, ne peuvent pas surmonter l’impitoyable rapport de force que Vladimir Poutine est prêt à imposer au risque de ruiner son économie et de sacrifier des centaines de milliers de jeunes russes.
Le sommet du 15 août en Alaska peut donc être le prélude d’une triple transformation: celle de Zelensky le résistant en négociateur, celle des Européens en garants de l’Ukraine, et celle de Trump en initiateur d’un processus de paix qui ne se résume pas à un «deal». Si ce scénario-là se matérialise, nous pourrons tous dire «Merci Donald». Sinon…