Iran, Otan, Ukraine
Trump est vainqueur, alors parions

Le président des Etats-Unis termine sa meilleure semaine géopolitique et diplomatique. Entre les frappes américaines en Iran et les promesses de ses alliés de renforcer leur défense, il sort grand vainqueur. Alors parions.
Publié: 10:02 heures
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Dernière mise à jour: 11:25 heures
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Donald Trump est reparti du sommet de l'OTAN en vainqueur.
Photo: imago/Xinhua
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Richard WerlyJournaliste Blick

Donald Trump n’a pas pu s’empêcher à la fin de sa longue et très réussie conférence de presse au sommet de l’Otan, mercredi 25 juin à La Haye. Il a passé sa vie à «faire des deals». Et il est en train, selon lui, de montrer que ça marche, surtout lorsque la force de l’armée américaine vient appuyer son propos.

«Deal» sous forme de cessez-le-feu après les frappes entre Iran et Israël. «Deal» entre l’Inde et le Pakistan nucléaires. «Deal» annoncé entre la RD Congo et le Rwanda. «Deal» à l’Otan où tous ses alliés ont accepté sans ciller – Espagne exceptée - de consacrer 5% de leur PIB à leur défense, dont 3,5% en dépenses militaires stricto sensu.

«Deal» en Ukraine?

Deal? Sur le plan international, deux sujets énormes, genre éléphant dans la pièce, manquent bien sûr à l’appel. Le premier est la paix en Ukraine, toujours aussi lointaine en raison de l’appétit guerrier et territorial insatiable de ce président russe que Trump respecte tant: Vladimir Poutine. Le second, bien plus complexe, est celui de la paix commerciale mondiale. La planète des échanges est au contraire sens dessus dessous, suspendue aux tarifs douaniers brandis dès qu’il le peut par un locataire de la Maison Blanche toujours plus convaincu de leur efficacité quasi magique.

Alors parions. Oui, parions! Ce qui, avec un Trump qui, jadis, s’enorgueillissait de posséder le casino Taj Mahal d’Atlantic City, dans le New Jersey, est peut-être la bonne méthode.

«Deal» avec Zelensky?

Parions sur le fait que Trump, toujours obnubilé par un futur «deal» – assorti d’une rencontre – avec Vladimir Poutine, a compris que le président russe de 2025 ne vit que pour la revanche qu’il entend infliger à l’Occident. Quel qu’en soit le coût humain et économique pour son immense pays réduit au rôle d’extracteur d’hydrocarbures et de fabricant d’armes.

Parions sur le fait que Trump, désormais convaincu d’avoir dompté «l’arrogant» Zelensky, a compris que l’Ukraine debout, aidée financièrement par l’Europe, dotée de la première armée du Vieux Continent, redevable envers Washington qui a mis la main sur ses terres rares, est au fond un très bon investissement.

«Deal» à l’Otan

Parions sur le fait que Trump, par conséquent, va enfin forcer Poutine à un «deal» qui ne sera pas une capitulation pour Kiev. Un «deal» dont il a compris, au sommet de l’Otan, que ses alliés européens n’auront pas d’autre choix que 1) l’avaliser 2) le financer 3) le présenter comme un grand succès américain.

Parions sur le fait que Trump, ce président qui respecte seulement l’argent et la force, saura maintenant brider Benjamin Netanyahu, ce premier ministre qui lui doit tout. Cela n’effacera jamais l’horreur inacceptable à Gaza, consécutive à celle du 7 octobre 2023. Mais si la page du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran nucléaire peut être tournée, peut-être que l’effrayante logique de menaces et de destructions mutuelles peut s’interrompre.

«Deal» et conséquences

Oui parions! Mais restons lucides, avec ce que cela comporte d’amères défaites et de larmes.

Les «deals» qui massacrent le droit international et humilient les peuples sont souvent des bombes ambulantes.

Les «deals» qui reposent sur un homme, la peur qu’il fait régner et son imprévisibilité, pourraient bien s’avérer de courte durée.

Les «deals» qui ont d’abord pour but de rapporter aux Etats-Unis, oublieux de la démocratie et du droit, font le lit des prédateurs en tout genre.

Parions sur Trump et ses «deals». De toute façon, nous n’avons guère le choix.

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