Au contraire de certains êtres humains au bureau ou ailleurs, chimpanzés et bonobos sont polis. Ils se saluent. C’est ce qu’ont remarqué des scientifiques des universités de Neuchâtel (UniNE) et de Durham, au Royaume-Uni. «Nous avons observé la façon dont les bonobos et les chimpanzés initient et terminent naturellement des interactions sociales jointes (toilettage et jeu) afin d’établir et de dissoudre un engagement mutuel», résume Emilie Genty, coordinatrice scientifique au laboratoire de cognition comparée de l’UniNE et co-autrice de l’article, citée dans un communiqué.
Comme lorsque nous engageons une conversation par un contact visuel et un «bonjour» avant d’y mettre un terme avec un «ok, très bien» ou un «au revoir». Parmi les signaux qu’ils s’envoient avant et après des rencontres pour se toiletter ou jouer: se toucher, se tenir la main ou échanger des regards. L’étude est parue ce jour dans la revue iScience.
Moins d’efforts entre amis
Autre comparaison possible avec nous: plus les bonobos sont proches socialement, plus la durée des salutations est courte. «Lorsque vous interagissez avec un bon ami, vous avez tendance à faire moins d’efforts pour communiquer poliment», explique Raphaela Heesen de l’Université de Durham. Une tendance plus vraie chez les bonobos que chez les chimpanzés, probablement parce que ces derniers organisent leur «société» de façon moins égalitaire.
À la base de ces interactions: le fait de partager des intentions et de travailler ensemble à la réalisation d’un objectif commun, précise l’étude. Pourquoi? Parce que cela engendre un sentiment d’obligation d’un spécimen envers l’autre. L’analyse des universitaires repose sur l’observation — sans intervention humaine — de 1200 interactions au sein de groupes de grands singes en captivité.
Une précédente étude de l’UniNE avait déjà démontré l’engament des bonobos envers leurs semblables. «Dans cette expérience, nous avions observé qu’à la suite de l’interruption, provoquée expérimentalement, d’une interaction de toilettage social en cours, les partenaires reprenaient l’activité là où ils l’avaient laissée, et avec le même partenaire, rappelle Emilie Genty. De plus, nous avions pu mettre en évidence que les efforts de communication pour suspendre ou reprendre l’activité dépendaient de la relation sociale entre les partenaires.»