D'après une étude de l'Université de Genève
Manger trop de protéines peut vous faire tomber dans le coma

Les régimes à base de «prots» sont en vogue un peu partout dans le monde. Mais en abuser n'est pas sans risques, et peut même vous plonger dans le coma, d'après une récente étude de l'Université de Genève. Voici pourquoi.
Publié: 17.07.2024 à 12:32 heures
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Dernière mise à jour: 17.07.2024 à 15:52 heures
Présentes dans toutes les cellules vivantes, les protéines participent au renouvellement cellulaire des tissus musculaires, de la peau et des tissus osseux. Mais en abuser peut s'avérer nocif. (Image d'illustration)
Photo: Shutterstock
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

Si vous ne vivez pas en autarcie ou dans une grotte, vous l’aurez remarqué: les régimes riches en protéines, surnommés «paléolithiques», sont un peu la grande tendance diététique de la décennie. En poudre, en skyr, ou encore dans des boissons industrielles… En se baladant entre les rayons de n'importe quel supermarché, impossible de ne pas remarquer que cette macromolécule a particulièrement la cote. Un peu trop, au final, peut-être?

Présentes dans toutes les cellules vivantes, les protéines participent au renouvellement cellulaire des tissus musculaires, de la peau et des tissus osseux, entre autres. Et elles semblent être de plus en plus consommées en compléments alimentaires. Les promesses de ces poudres protéinées? Gagner plus facilement du muscle, perdre plus aisément du poids, mieux récupérer après un effort physique intense, par exemple.

Une vraie molécule miracle, qu’on devrait toutes et tous ingurgiter sans compter? Pas si vite — les miracles n’existent pas, dans le monde de la science. En effet, une surconsommation de protéines peut faire bien plus de mal que de bien à certaines personnes, d’après une récente étude réalisée par l’Université de Genève (UNIGE), et publiée en juillet dans la revue académique spécialisée «Journal of Biological Chemistry».

Mauvais pour le foie?

Grâce à des modèles de souris, les scientifiques ont pu établir que l’excès de protéines augmente fortement la production d’ammonium — un «déchet» de l’organisme, issu de la dégradation des protéines, et éliminé par une enzyme nommée «glutamate déshydrogénase» (GDH) dans le foie.

Certaines personnes — tout comme certaines souris soumises à l’expérience — vivent avec un dysfonctionnement de cette enzyme GDH, essentielle pour bien traiter les «déchets» laissés par les protéines dans notre organisme. Chez ces gens-là, une surconsommation de produits protéinés peut donc déclencher «un excès délétère d’ammonium».

De fil en aiguille, ce trop-plein de détritus de protéines dans le corps «peut provoquer des troubles neurologiques allant jusqu’au coma, dans les cas les plus sévères», peut-on lire dans le communiqué de presse de l’Université, qui résume le travail de recherche. Et cela, en quelques jours seulement.

D’autres effets dénoncés

Comment savoir si on fait partie de cette catégorie de la population, déficitaire en GDH, et qui devrait par conséquent faire attention aux «prots»? Il faut se renseigner au maximum auprès de son médecin traitant, et éventuellement faire un test sanguin, préconise l’article académique, dont la première auteure est Karolina Luczkowska.

Dans le même temps, du côté de nos voisins français, «l’Agence de sécurité sanitaire s’inquiète des effets indésirables liés à l’usage des produits enrichis en protéines, acides aminés ou extraits de plantes», écrit «Le Parisien» ce mercredi 17 juillet.

L’instance a en effet relevé en France «154 nouveaux cas d’effets indésirables déclarés entre 2016 et février 2024» liés à la consommation de «compléments alimentaires et aliments enrichis en protéines, acides aminés ou extraits de plantes.» Deux personnes seraient mortes après avoir consommé ce genre de suppléments protéinés.

Bon pour les diabétiques

La prudence et la mesure sont donc de mise. Mais les auteurs de l’étude de l’Université de Genève précisent cependant, en préambule, que si les protéines sont en vogue, de base, ce n’est pas non plus pour rien. En plus de faciliter la prise de masse musculaire (pour les adeptes de la salle), d’un point de vue médical, un régime riche en protéines animales ou végétales peut avoir de grands avantages pour certains individus.

«Des régimes dits paléolithiques peuvent être utilisés pour stabiliser le diabète de type 2 et réguler le poids», explique Pierre Maechler, professeur ordinaire au Département de physiologie cellulaire et métabolisme de la Faculté de médecine de l’UNIGE, qui a dirigé les travaux. À rappeler que le diabète de type 2 est une maladie métabolique en constante augmentation, de nos jours. En Suisse, on estime que plus de 400’000 personnes en sont atteintes.

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