Une cellule muséale
Une chanteuse de Pussy Riot retourne en prison pour alerter sur l'autoritarisme

Nadya Tolokonnikova, cofondatrice de Pussy Riot, retourne volontairement en prison pour alerter sur l'autoritarisme, lors de l'exposition «Police State» au Musée d'art contemporain de Los Angeles.
Publié: 07:36 heures
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Nadya Tolokonnikova se recluse volontairement pour alerter sur l’autoritarisme lors de l’expo «Police State» à Los Angeles.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Nadya Tolokonnikova, cofondatrice du collectif russe Pussy Riot, retourne en cellule mais cette fois volontairement, pour alerter sur la progression de l'autoritarisme, dans le cadre de l'exposition «Police State» ("Etat policier"), qui a ouvert jeudi au Musée d'art contemporain de Los Angeles.

La jeune femme avait passé deux ans dans une colonie pénitentiaire en Russie pour avoir chanté une «prière punk» dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou, il y a plus de dix ans. Elle sait donc de quoi elle parle et cherche maintenant à présenter aux spectateurs les conséquences de ce qu'elle considère comme l'émergence d'une nouvelle forme de contrôle, grâce à des outils technologiques.

«Les gens ne prennent pas l'autoritarisme au sérieux», déclare Nadya Tolokonnikova à l'AFP. Assise dans une cellule qui rappelle une prison russe classique, portant une tenue de sport verte qui ressemble à un uniforme de prison, la jeune femme, qui se dit malicieusement âgée «de peut-être 35 ans», estime que «l'Etat policier étend ses frontières».

«En tant que personne ayant vécu sous un régime autoritaire pendant plus de 25 ans, je sais maintenant à quel point c'est réel et comment cela commence, étape par étape, par l'arrestation d'une personne. Vous vous dites: 'Bon, ce n'est pas moi'. Et quand finalement vous réagissez, tout le pays est sous la botte des militaires.»

Unis contre les abus de pouvoir

Nadya Tolokonnikova souligne qu'aux Etats-Unis, depuis le retour au pouvoir de Donald Trump «cette érosion de l'équilibre des pouvoirs, qui consiste à envoyer des gens en prison sans procès, est très dangereuse».

En réponse, elle estime que la communauté artistique, et la société en général, devraient davantage s'élever contre les abus de pouvoir, et ne pas laisser seulement des personnalités de premier plan protester.

«J'ai l'impression que c'est comme si quelqu'un d'autre devait venir nous sauver de tout. Mais ce n'est pas comme ça que ça marche, nous devons tous nous mobiliser.»

Tous les jours, jusqu'au 14 juin, elle passera ses journées dans cette cellule. Pas de pauses toilettes, pas de pause repas, tout se passera dans ces quelques mètres carrés, jusqu'à la fermeture du musée le soir.



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