La rhétorique musclée contre les juges peut exacerber les «menaces physiques» à leur égard, a averti ce week-end le président de la Cour suprême des Etats-Unis, John Roberts, dans un contexte de tensions entre l'exécutif et le judiciaire.
«Si quelqu'un exprime une forte hostilité envers la Cour (...) le danger est qu'une personne s'en empare à ses propres fins. Or nous avons déjà constaté de graves menaces de violence et de meurtres contre des juges, simplement parce qu'ils faisaient leur travail», a déclaré le président de la plus haute juridiction du pays, John Roberts.
Dans un discours samedi prononcé lors d'une conférence en Caroline du Nord, ce dernier n'a ni ciblé une personnalité, ni un parti, mais a dit constater de «profondes divisions» et l'usage «d'adjectifs musclés» contre la justice ou des juges.
Dans le contexte d'une décision conservatrice de la Cour Suprême
«Je crois que les politiques des deux côtés (du Congrès) doivent garder à l'esprit l'effet possible de leur rhétorique», a ajouté John Roberts au lendemain d'une décision controversée de la Cour suprême à majorité conservatrice.
Celle-ci a accordé une victoire considérable à l'administration Trump en limitant le pouvoir des juges de bloquer, à l'échelle nationale, les décisions de l'exécutif qu'ils considèrent comme illégales.
Par six voix contre trois, celles des six conservateurs contre les trois progressistes, la plus haute juridiction américaine a considéré que les décisions de portée nationale émises par des juges fédéraux «excèdent probablement les pouvoirs conférés par le Congrès aux tribunaux fédéraux».
Appels à la destitution de juges
Dans le cadre de multiples affrontements entre la Maison Blanche et les tribunaux fédéraux, le président et certains républicains ont appelé à la destitution des juges qui ont temporairement suspendu les décisions de Donald Trump visant à réduire les dépenses publiques ou à accélérer les expulsions d'étrangers.
Dans un rapport publié en décembre dernier, avant le retour au pouvoir de Donald Trump, John Roberts s'inquiétait déjà de l'indépendance de la justice, soulignant que la critique du travail des juges pouvait être saine en démocratie, mais que certaines déclarations tombaient sous le coup de «l'intimidation» et de la «violence».
«Des responsables politiques ont le droit de critiquer le travail du judiciaire, mais doivent être bien conscients que l'intempérance de leurs propos contre les juges peut susciter des réactions dangereuses chez d'autres», avait alors souligné le président de la Cour.
Source: AFP