Le leader nord-coréen Kim Jong Un a supervisé les tirs d'essai de deux missiles de croisière lancés à partir d'un sous-marin, a annoncé lundi l'agence de presse d'Etat KCNA, sur fond de tensions croissantes entre Séoul et Pyongyang.
La Corée du Nord a accéléré ses tests d'armement cette année, notamment de ce qu'elle décrit comme un «système d'armes nucléaires sous-marines» et d'un missile balistique hypersonique à combustible solide. «Les missiles de croisière ont volé dans le ciel au-dessus de la mer de l'Est (...) pour atteindre la cible insulaire» dimanche, a rapporté KCNA. L'agence a indiqué qu'il s'agissait de missiles Pulhwasal-3-31, précisant que Kim Jong Un avait «guidé» les tirs.
Le Pulhwasal-3-31, plus difficile à intercepter
Le Pulhwasal-3-31 est une nouvelle génération de missiles de croisière stratégiques que Pyongyang a dit avoir testé pour la première fois mercredi, avec plusieurs tirs vers la mer Jaune. Les essais de missiles de croisière, qui volent dans l'atmosphère, ne tombent pas sous le coup des sanctions infligées par l'ONU à la Corée du Nord, contrairement aux missiles balistiques, dont la trajectoire s'effectue essentiellement dans l'espace. Les missiles de croisière volent à une altitude plus basse que les missiles balistiques plus sophistiqués, ce qui les rend plus difficiles à détecter et à intercepter.
KCNA a rapporté que les «missiles de croisière stratégiques lancés par sous-marins» étaient restés dans les airs pendant 7 421 secondes et 7 445 secondes, soit environ deux heures, mais n'a pas précisé la distance parcourue ni s'ils avaient été lancés depuis la surface ou sous l'eau. Les capacités exactes de lancement de la Corée du Nord depuis la mer restent floues et des tests précédents ont été effectués à partir d'une plate-forme immergée, plutôt qu'à partir d'un véritable sous-marin.
En mars 2023, la Corée du Nord a lancé deux missiles de ce type qui ont parcouru 1 500 kilomètres, selon Pyongyang, mettant ainsi toute la Corée du Sud et une grande partie du Japon à sa portée. Mais les analystes ont estimé qu'ils semblaient avoir été lancés depuis la surface, perdant ainsi le caractère furtif des tirs sous-marins.
Construire une «force navale puissante»
Kim Jong Un a exprimé sa «grande satisfaction» après le tir de dimanche, «qui revêt une importance stratégique dans la mise en oeuvre du plan (...) de modernisation de l'armée visant à construire une force navale puissante», selon KCNA. Le dirigeant nord-coréen a inspecté par ailleurs «la construction d'un sous-marin nucléaire» et a discuté de questions liées à la construction d'autres nouveaux navires de guerre, a ajouté le média officiel sans plus de détails.
Le renforcement de la puissance navale du pays est l'une des décisions clés prises lors de la réunion du parti unique fin 2023, et devrait être une priorité des autorités de Pyongyang cette année, selon des analystes.
«Ils se concentreront sur l'amélioration de la puissance navale en mer de l'Est et testeront des systèmes d'armes pouvant être montés sur des sous-marins, la première tentative étant ce missile de croisière stratégique», a indiqué Yang Moo-jin, président de l'Université des études nord-coréennes. «A l'avenir, cela conduira au développement de missiles balistiques lancés depuis des sous-marins et de sous-marins à propulsion nucléaire, qui auront un impact bien plus important», a-t-il ajouté.
La Corée du Nord dispose déjà d'un modèle de missile balistique opérationnel lancé depuis un sous-marin, appelé Pukguksong-3, d'une portée estimée à 1900 kilomètres. Une capacité prouvée de lancement de ces missiles balistiques permettrait à Pyongyang de se déployer bien au-delà de la péninsule coréenne et lui donnerait une capacité de seconde frappe en cas d'attaque.
La Corée du Nord a lancé l'année dernière ce qu'elle a appelé son premier «sous-marin nucléaire d'attaque tactique», mais selon l'armée sud-coréenne, il ne semblait pas opérationnel.
Tensions ravivées entre Pyongyang et Séoul
Les tensions entre Pyongyang et Séoul se sont fortement aggravées ces derniers mois. Les deux pays ennemis ont renoncé à des accords conclus en 2018 pour prévenir les incidents armés. Le leader nord-coréen a dissous les agences gouvernementales dédiées à la réunification en janvier et a menacé de déclarer la guerre si son voisin empiétait sur son territoire «ne serait-ce que de 0,001 mm».
Séoul et Washington ont averti à plusieurs reprises que toute attaque de la part de Pyongyang signerait inéluctablement la destruction de son régime.
(AFP)