Le président chinois, Xi Jinping, a présenté vendredi 19 mai un plan global pour le développement de l'Asie centrale. Celui-ci s'étend sur plusieurs points: de la construction d'infrastructures à la promotion du commerce entre la Chine et cinq États.
L'Empire du Milieu veut coordonner les stratégies de développement avec le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l'Ouzbékistan, puis promouvoir la modernisation de tous ces pays. C'est du moins ce qu'a déclaré Xi Jinping dans un discours prononcé à l'occasion d'un sommet entre la Chine et l'Asie centrale, au nord-ouest du territoire chinois.
Le dirigeant semble ainsi assumer un nouveau rôle de leader dans une région qui était traditionnellement dans une sphère d'influence russe, ces cinq pays étant d'anciennes républiques de l'Union soviétique. Elles gardent ainsi une relation particulière avec le Kremlin, explique Temur Oumarov, expert de la Chine et de l'Asie centrale au Carnegie Russia Eurasia Center, dans un entretien avec Blick.
«On est habitué au partage»
Faut-il alors voir un signe que la Chine s'étend désormais sur les plates-bandes de la Russie? Non, estime Temur Oumarov: «L'Asie centrale a des relations politiques et historiques très étroites avec la Russie. Mais les relations économiques avec la Chine sont tout aussi importantes.»
Les cinq anciennes républiques soviétiques disposent d'un réseau de corridors commerciaux et offrent à la Chine des routes alternatives pour le transport de carburant, de denrées alimentaires et d'autres marchandises. En contrepartie, la Chine leur offre 26 milliards de yuans (environ 3,3 milliards de francs) comme aide au développement, selon les propos tenus par Xi Jinping vendredi.
L'expert doute toutefois que la Russie puisse se sentir menacée par l'avancée de la Chine dans la région. «Dans ces territoires d'Asie centrale, on se situe exactement à la même distance de la Russie que de la Chine. On est donc habitué au partage», souligne-t-il. Depuis peu, la région semble cependant davantage tournée vers l'est que vers le nord. Car la Chine se positionne actuellement comme un partenaire plus attractif que la Russie.
Des arrière-pensées
L'offensive de charme chinoise envers les cinq pays d'Asie centrale n'est pas nouvelle en soi. L'année dernière déjà, un sommet similaire avait eu lieu, mais de manière virtuelle à l'époque. Il y a dix ans, une «nouvelle route de la soie» avait vu le jour dans la région. Si Xi Jinping n'a pas lésiné sur les moyens cette année en accueillant les députés en grande pompe, c'est pour une bonne raison: la Chine se trouve dans une situation géopolitique délicate.
À cause des tensions entre l'Empire du Milieu et les États-Unis, en plus de la perte de puissance économique de la Russie, le pays de Xi Jinping doit se réorienter. Et c'est là que l'Asie centrale occupe une place stratégique. «Cette région est le plan B de la Chine si le pays continue à être isolé sur la scène internationale», explique Temur Umarov. La Chine souhaite ainsi se protéger d'un isolement politique et économique complet.