Power couple, politique et looks bizarres
Voici ce qu’il faut retenir de la 96e cérémonie des Oscars

Sans grande surprise, «Oppenheimer» a tout raflé. Pour mettre un peu de piment dans cette cérémonie très calibrée, mieux valait regarder du côté des looks et des discours des invités.
Publié: 11.03.2024 à 07:48 heures
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Dernière mise à jour: 11.03.2024 à 09:38 heures
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Margaux Baralon

Il n’y a qu’un seul endroit sur Terre où on peut enchaîner sans broncher un discours sur la guerre en Ukraine et la chanson «I’m just Ken» du film «Barbie»: le fameux Dolby Theatre de Los Angeles, où se déroule chaque année depuis plus de vingt ans la cérémonie des Oscars. La 96e a rendu son verdict vers trois heures du matin dans la nuit de dimanche à lundi et Blick l’a suivie avec attention pour en livrer les meilleurs moments. Pas toujours facile avec un exercice aussi calibré, qui pousse dehors tout vainqueur qui oserait faire un discours de plus de 45 secondes, et ne peut pas fournir tous les ans des moments iconiques comme une erreur d’annonce du meilleur film ou une gifle en direct.

Robe-couette et talons Godzilla

Heureusement, quand on a peur de s’ennuyer, on peut commencer dès les arrivées sur tapis rouge à repérer les plus gros fashion faux-pas de stars qui sont pourtant submergés de stylistes, coiffeurs et maquilleurs professionnels. Pour cette édition, on peut citer Erika Alexander, actrice dans «American Fiction», qui n’a visiblement pas su choisir entre une robe de mariée, un tutu et un bouquet d’hortensias.

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Et dans la catégorie «pas-si-laid-mais-hautement-peu-pratique», la chanteuse Ariana Grande a gagné haut la main avec sa robe semblable à une couette portée à bout de bras, si encombrante qu’elle a bien failli ne pas arriver à décacheter l’enveloppe du prix musical qu’elle était venue remettre.

Du côté des looks franchement originaux, personne n’a réussi à faire mieux que Donata Wenders, la femme de Wim Wenders, avec une robe intégralement faite en bandes de cassettes VHS.

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Il faut aussi accorder une mention spéciale à l’équipe de «Godzilla Minus One», primée pour les meilleurs effets visuels. Hommes et femmes portaient tous des chaussures aux talons en forme de patte de monstre. Et rien que ça, ça valait une récompense.

Des looks très politiques

Mais chaque année, c’est la même chose: les tenues des femmes sont si scrutées qu’on en oublie que les hommes sont les Roger Federer du style. Sages, lisses et beaucoup trop parfaits pour susciter autre chose qu’un ennui poli. Ryan Gosling, par exemple, est venu avec des chaussettes roses et trois paillettes pour faire croire qu’il a bossé un peu sa tenue.

Robert de Niro porte le même costume depuis environ 50 ans de présence à cette cérémonie. Dwayne Johnson a décidé de donner un coup de pied dans la fourmilière en arborant un costume lamé gris sur chemise aubergine. Et finalement, force est de constater qu’être ennuyeux, c’est peut-être quand même un peu mieux qu’être très mal sapé.

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Les vêtements ne sont pas qu’une affaire de coupe, de proportion et de bon goût. Il n’y a pas d’Oscars sans costume politique. Lily Gladstone, première Amérindienne nommée dans la catégorie meilleure actrice pour son rôle dans «Killers of the Flower Moon», arborait une cape réalisée par des artistes indigènes avec des techniques traditionnelles. Si la comédienne n’a pas remporté de statuette, elle a au moins eu la consolation d’être mieux habillée que la grande gagnante, Emma Stone, dont la robe (qui a failli se désolidariser de sa porteuse au moment de son discours) se situait quelque part entre l’esquimau à la pistache et une nappe de grand-mère.

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… et des Américains frileux

Lily Gladstone n’est pas la seule à avoir rendu hommage à la culture des premières nations américaines. Un groupe entier de chanteurs et musiciens osage, la tribu représentée dans le film «Killers of the Flower Moon», sont venus sur scène interpréter la chanson du long-métrage.

Il y a 51 ans, Sacheen Littlefeather, jeune activiste amérindienne, avait failli se faire frapper par John Wayne pendant la cérémonie des Oscars parce qu’elle avait récupéré la statuette attribuée à Marlon Brando à la place de l’acteur, et lu un discours dénonçant justement le traitement qu’Hollywood réservait aux populations natives. Preuve que l’industrie cinématographique américaine a quelque peu progressé.

Pourtant, cette 96e cérémonie des Oscars a aussi marqué par sa frilosité. Le gratin hollywoodien, si prompt à dénoncer la politique de Donald Trump depuis 2016, s’est fait très discret sur les conflits actuels, notamment les bombardements israéliens toujours en cours à Gaza. Certes, des invités arboraient des pin’s rouges appelant au cessez-le-feu, mais ce sont finalement les vainqueurs étrangers qui se sont montrés les plus engagés dans leurs discours.

Le réalisateur britannique Jonathan Glazer, reparti avec l’Oscar du meilleur film étranger pour «La Zone d’Intérêt», a rappelé que son oeuvre ne parlait pas tant des horreurs perpétrées à Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale (on y suit le commandant du camp d’extermination dans sa vie quotidienne) mais bien d’une «déshumanisation» toujours d’actualité. «Tous nos choix ont été faits pour nous confronter au présent», a-t-il déclaré, tremblant d’émotion. «Il ne s’agit pas de dire ‘regardez ce qu’ils ont fait à l’époque’ mais bien ‘regardez ce qu’ils font maintenant’. Que ce soient les victimes du 7 octobre en Israël ou celles des attaques qui ont cours actuellement à Gaza, comment est-ce que nous résistons?»

Cillian Murphy, couronné du prix du meilleur acteur pour avoir incarné l’inventeur de la bombe atomique dans «Oppenheimer», a quant à lui dédié son prix à «tous les artisans de la paix», après avoir rappelé fièrement sa nationalité irlandaise. Enfin, l’un des discours les plus émouvants fut indéniablement celui de Mstyslav Chernov, dont le film «20 jours à Marioupol» a remporté le prix du meilleur documentaire. «J’aurais voulu ne jamais avoir à le faire», a lancé le réalisateur ukrainien sur scène. «J’aimerais échanger [cet Oscar] et que la Russie n'ait jamais attaqué l'Ukraine.»

Des résultats ultra prévisibles

Même dans ses choix, l’Académie des Oscars est loin d’avoir cédé à des sirènes politiques. «American Fiction», comédie brillante, grinçante et redoutablement intelligente, sortie en catimini sur Prime Video, la plateforme d’Amazon, n’est repartie qu’avec la statuette du meilleur scénario adapté. Ironie de la chose, tout le propos du film est de raconter que les histoires des personnes noires ne sont pas des clichés misérabilistes pour une élite blanche paresseuse…

Sans surprise, «Oppenheimer» a écrasé la concurrence, s’arrogeant les Oscars de meilleure musique, meilleur montage, meilleure photographie, meilleur acteur dans un second rôle (pour Robert Downey Jr), meilleur acteur, meilleur réalisateur pour Christopher Nolan et meilleur film. Seul «Pauvres créatures» a pu tenter de rivaliser avec quatre statuettes. Quant au film «Barbie», il a dû se contenter d’une seule récompense pour la meilleure musique, attribuée qui plus est à la pire chanson du film. Heureusement, la meilleure, «I’m just Ken», a été chantée en live par un Ryan Gosling visiblement déterminé à ne jamais se débarrasser du blond peroxydé de son personnage.

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Dans l’océan de remerciements que comptent les Oscars, il est toujours intéressant de regarder les forces en présence. La cérémonie permet de rappeler l’existence de certaines personnes, comme Matthew McConaughey, qui n’a pas tourné un seul bon film depuis 2014. Mais elle est aussi l’occasion pour certains d’adopter des comportements radicaux, le plus radical d’entre eux étant certainement de ne pas se pointer pour récupérer son prix. Hayao Miyazaki, oscarisé pour «Le Garçon et le héron», n’avait visiblement même pas pris la peine de répondre à son invitation. Et Wes Anderson, qui a remporté son premier Oscar pour le meilleur court-métrage, n’était pas là non plus pour le récupérer. Alors qu’à l’inverse, la caméra s’est longuement attardé sur Diane Warren, compositrice de talent nommée 15 fois depuis 1988, repartie de nouveau bredouille trente-six ans plus tard mais visiblement sans que cela entame son enthousiasme.

Chien superstar

Cette 96e cérémonie des Césars a entériné la puissance des couples à Hollywood. La femme de Christopher Nolan, Emma Thomas, est également sa productrice. C’est donc elle qui a récupéré l’Oscar du meilleur film. Côté français, Arthur Harari et Justine Triet, en couple à la ville, sont repartis avec le prix du meilleur scénario original pour «Anatomie d’une chute» et une quasi-proposition d’embauche de Steven Spielberg lui-même, qui leur a annoncé qu’il désirait qu’ils lui écrivent un film.

La France a par ailleurs brillé grâce à ses deux plus beaux ambassadeurs. D’un côté, l’acteur Swann Arlaud, devenu la coqueluche des Américains qui en ont fait des mèmes et des gifs sur Internet sous le sobriquet de «hot french lawyer» (l’avocat français sexy) pour son rôle dans «Anatomie d’une chute». De l’autre, Messi, le chien star de ce même film, qui a inspiré à Jimmy Kimmel, le présentateur des Oscars, la meilleure blague de la soirée: «Je n’avais jamais vu un acteur français manger aussi bien du vomi depuis Gérard Depardieu.»

Si la campagne canine hyperactive des producteurs d’«Anatomie d’une chute» n’a pas permis au film de contester «Oppenheimer» dans les catégories reines, Messi a tout de même offert l’image la plus mignonne de cette cérémonie des Oscars. En applaudissant des deux pattes.

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