Marché du travail
La pandémie a affecté les travailleurs domestiques

Avec la pandémie, la situation des travailleurs domestiques s'est gravement détériorée, indique un rapport de l'Organisation mondiale du travail (OIT). «Il y a un besoin urgent de formaliser le travail domestique», indique le directeur de l'OIT.
Publié: 15.06.2021 à 15:21 heures
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Dernière mise à jour: 15.06.2021 à 15:31 heures
Les travailleurs domestiques oeuvrent dans des conditions difficiles et certaines de ces personnes ont accusé d'exploitation des missions diplomatiques en Suisse (archives).
Photo: MARTIAL TREZZINI

Un rapport dévoilé mardi à Genève par l'Organisation mondiale du travail (OIT) confirme que la pandémie a détérioré la situation des travailleurs domestiques dans le monde. La part des emplois perdus est parfois jusqu'à plus de trois fois plus élevée par rapport aux autres branches dans certains pays.

Dix ans après la Convention, à laquelle une trentaine de pays parmi les 187 membres de l'OIT sont partie, qui a confirmé leurs droits, ces travailleurs peinent toujours à les faire reconnaître et à être considérés comme prestataires essentiels. «Le travail domestique est un vrai travail», a affirmé à la presse le directeur général de l'OIT Guy Ryder.

Au pic de la pandémie, 5 à 20% des emplois de ces travailleurs ont été perdus dans les pays européens, selon le rapport. Ce taux atteint même 25 à 50% sur le continent américain. Sur la même période, les autres employés ont été moins de 15% à perdre leur activité dans la plupart des pays. La situation des travailleurs domestiques ne va s'améliorer qu'avec une embellie de l'ensemble de la société, dit encore l'OIT.

Des conditions déjà difficiles

Près de 76 millions de ces travailleurs oeuvrent dans le monde, soit un peu plus de 4% de la population active. La détérioration de leur situation a affecté de nombreux ménages qui s'appuient sur eux chaque jour.

Les conditions déjà difficiles des travailleurs domestiques, dont plus de trois quarts sont des femmes et la plupart des migrants ou des personnes qui changent régulièrement de pays, ont été encore davantage exacerbées par la pandémie. Notamment pour les quelque 60 millions d'entre eux qui se trouvent dans l'économie informelle et pour lesquels la protection sociale manque.

«Besoin urgent de formaliser le travail domestique»

La crise a montré «le besoin urgent de formaliser le travail domestique pour garantir leur accès à une activité décente», insiste Guy Ryder. Il appelle à un élargissement et une application de la protection à tous ces employés.

Depuis dix ans, le nombre de ceux qui sont exclus de ces dispositifs a reculé de 16 points de pourcentage. Mais ils sont toujours plus d'un tiers dans cette situation, notamment en Asie/Pacifique et dans les Etats arabes où le décalage est plus important encore.

Autre avancée, la part des travailleurs domestiques qui ont des heures de repos hebdomadaires similaires aux autres employés a progressé de 21 points de pourcentage. En revanche, celle de l'accès à un salaire minimal n'avance que de 2,9 points. Environ un tiers des Etats au total n'ont toujours pas voté de limite aux heures de travail hebdomadaires, fait remarquer le directeur général.

Et dans les pays où la protection sociale est garantie aux travailleurs domestiques, celle-ci n'est appliquée que dans un peu plus de 18% des cas. L'Asie/Pacifique et le continent américain rassemblent à eux deux près de trois quarts du total de ces personnes. Ceux-ci sont mieux accompagnés désormais. Une situation qui explique les avancées, a affirmé encore l'organisation.

(ATS)

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