Des centaines de personnes ont manifesté samedi à Bamako, à l'appel d'une large coalition de partis politiques qui redoutent leur possible dissolution par les autorités militaires, ont constaté des journalistes de l'AFP.
«Vive la démocratie, à bas la dictature !», ont scandé les manifestants réunis au Palais de la culture, près du fleuve Niger, selon des journalistes de l'AFP et des images sur les réseaux sociaux.
Le pouvoir aux civils
Plusieurs d'entre eux ont brandi des pancartes réclamant «la liberté, la démocratie» et «des élections» alors que la junte au pouvoir a manqué à son engagement de transférer le pouvoir aux civils en mars 2024, après deux coups d'État militaires en 2020 et 2021.
La manifestation a été encadrée sans incident par les forces de sécurité. Elle constitue l'un des actes de contestation les plus visibles contre les militaires depuis 2021 que le colonel Assimi Goïta, passé général en octobre 2024, est à la tête de la junte.
Elle s'est tenue malgré le climat de répression et les risques de représailles. Mercredi, les autorités ont annoncé l'abrogation de la loi encadrant le fonctionnement des partis politiques, une décision interprétée par des juristes comme une étape vers leur dissolution.
Cette annonce est intervenue au lendemain d'une concertation organisée par le régime à Bamako, largement boycottée par les partis d'opposition, et qui a recommandé la suppression pure et simple des partis politiques.
Elle a également suggéré de proclamer le chef de la junte, le général Goïta, président de la République pour un mandat de cinq ans renouvelable, sans passer par les urnes.
Il revient désormais à M. Goïta de décider de l'application ou non de ces recommandations.
Depuis les coups d'État de 2020 et 2021, l'opposition malienne a été affaiblie par des mesures de rétorsion, des poursuites judiciaires, la dissolution de plusieurs organisations et un discours dominant appelant à l'unité autour du pouvoir militaire, dans un pays confronté depuis 2012 à une insécurité chronique liée au jihadisme et à la rébellion touarègue dans le Nord.
Le multipartisme, ainsi que les libertés d'expression et d'association, sont garantis par la Constitution malienne de 1992, puis ont été réaffirmés dans la nouvelle Loi fondamentale promulguée en 2023 par la junte.
Le Mali, comme ses voisins du Niger et du Burkina Faso également dirigés par des militaires, s'est retiré de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qu'ils jugent inféodée à la France, pour former avec eux l'Alliance des États du Sahel (AES).