C'est l'une des grandes énigmes de ces dernières années au Mexique: où sont les 43 étudiants disparus le 26 septembre 2014? Une version officielle présentée par le procureur général soutient que les étudiants ont été assassinés par des cartels qui les prenaient pour des narcotrafiquants rivaux. Cette hypothèse a toutefois été rejetée par les familles des victimes et par des experts indépendants, qui ont commencé leur enquête en 2015 après un accord entre le Mexique et la commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH).
Cette dissimulation d'informations «a constitué une responsabilité de l'Etat dans la disparition des jeunes», a déclaré l'un des experts, l'Espagnol Carlos Beristain, présentant le sixième et dernier rapport des experts. Il dénonce «l'insistance à nier des choses qui sont évidentes» de la part de l'Etat.
L'affaire des «43 d'Ayotzinapa», qui a exceptionnellement mobilisé l'attention des médias locaux et étrangers, est la face immergée de la «tragédie humaine» - dixit l'ONU - des disparus au Mexique (plus de 100'000).
Dans son dernier rapport publié mardi, le groupe interdisciplinaire des experts indépendants (GIEI) a de nouveau souligné la responsabilité de l'armée mexicaine, qui a «permis» et «couvert» les faits. «On ment toujours sur l'absence d'informations au sein de la Sedena [le ministère de la défense, ndlr], sur ce qui s'est passé», selon Carlos Beristain, médecin et psychologue de formation.
L'avocate colombienne Angela Buitrago a affirmé de son côté qu'il existe des preuves de la présence de policiers et de militaires à l'intérieur du palais de justice d'Iguala la nuit de la disparition des étudiants.
Il y a un an, un rapport d'une commission installée par l'actuel gouvernement avait reconnu la responsabilité de militaires ou de fonctionnaires dans l'enlèvement et la mort des étudiants. Seuls les restes de trois victimes ont été localisés et identifiés.
(ATS)