Le Luxembourg célèbre l'avènement d'un nouveau souverain: visiblement ému, le grand-duc Henri, a abdiqué vendredi pour passer la main à son fils Guillaume après 25 ans de règne. «Vive le grand-duc Henri et la grande-duchesse Maria Teresa!», «Vive le Luxembourg ! Vive l'Europe!», a lancé le Premier ministre de cette petite monarchie européenne devant l'ex-souverain de 70 ans, arborant un costume kaki et une écharpe protocolaire.
Cette cérémonie d'abdication a eu lieu au palais grand-ducal de Luxembourg-Ville, en présence des couples royaux belge et néerlandais, de la cheffe du Parlement européen, Roberta Metsola, et du Conseil européen, Antonio Costa. Elle doit être suivie de la prestation de serment, à la Chambre des députés, de Guillaume, qui est son héritier en tant que fils aîné.
Le nouveau couple grand-ducal – Guillaume et son épouse Stéphanie – doit ensuite aller à la rencontre de la population sur une place du quartier historique de la capitale. Avant un dîner de gala vendredi soir, auquel participeront notamment le président français Emmanuel Macron et son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier.
Des festivités dans tout le pays sont prévues jusqu'à dimanche pour marquer le «Trounwiessel» ("Changement au trône» en luxembourgeois). «Je suis très impatient», assure Nicolas Graas, concessionnaire d'un magasin de luxe. «Je rentre des Etats-Unis et j'ai dit à tout le monde aux Etats-Unis depuis quinze jours, trois semaines, que surtout, ils regardent bien la télévision parce que pour une fois, on allait beaucoup, beaucoup parler du Luxembourg», confie-t-il à l'AFP.
«Style plus ouvert»
Guillaume, 43 ans, sera le septième souverain de la dynastie Nassau-Weilbourg, qui règne sur le Luxembourg depuis 1890 et partage des origines communes avec la monarchie néerlandaise. Même s'il incarnera une nouvelle génération à la tête de l'Etat, il ne devrait pas chambouler la pratique du pouvoir, dans une démocratie parlementaire réputée stable où le monarque assume surtout des fonctions de représentation en plus de promulguer les lois.
Au Luxembourg, «le grand-duc incarne l'indépendance et la stabilité de l'Etat», a déclaré le Premier ministre Luc Frieden, interrogé par l'AFP. Quant à Guillaume, «il a trente ans de moins que son père, a été éduqué à l'école luxembourgeoise contrairement à ce dernier qui avait des cours privés, donc ça sera un nouveau style», prédit-il... Avant de nuancer: «Un style plus ouvert peut-être, mais dans la continuité du père et du grand-père.»
Guillaume est l'aîné des cinq enfants du couple formé par Henri de Nassau et Maria Teresa Mestre, née à La Havane et dont le père, un homme d'affaires cubain, a fui son pays avec sa famille en 1959. «Avec une mère cubaine on peut imaginer qu'il aura une approche plus latine, peut-être un peu plus chaleureuse», fait valoir l'historien belge Patrick Weber. «Mais je n'attends pas vraiment un vent de modernité fulgurant», ajoute cet expert des monarchies du Benelux.