Il faut imaginer un immense champ de boue, en plein désert du Nevada. Là, au volant d’un camping-car, Thierry Wegmüller roule vers la liberté. Fuit, plutôt.
Comme 70’000 autres personnes, le patron du D! Club est resté bloqué dans la gadoue du Burning Man. Un mort — qui ne serait toutefois pas dû aux intempéries, selon l'organisation — est même à déplorer. Les accès à Black Rock City, nom du site où se déroule le festival déjanté, avaient été fermés dès vendredi en raison des intempéries.
«On a enfin réussi à quitter le campement, raconte le roi des nuits lausannoises. Si tout va bien, nous serons dehors dans une heure. Depuis vendredi, plus rien ne se passait, plus d’animations, plus de musique.» Il est 16h, heure suisse, 7h, heure locale.
«On n’est pas loin de Woodstock»
«C’est invraisemblable de vivre un truc pareil, raconte Thierry Wegmüller, d’un calme olympien, concentré. On a tout eu: les tempêtes de sable, la pluie, la boue…» En des proportions jamais égalées. «Même les responsables de l’événement ont dit n’avoir jamais vécu ça. Ils n’ont pas réussi à faire brûler le grand bonhomme, comme le veut la tradition.»
«Lancé en 1986 à San Francisco, Burning Man se veut un événement indéfinissable, entre célébration de la contre-culture et retraite spirituelle, écrit l'Agence France Presse (AFP). Initialement organisé sur une plage de San Francisco, Burning Man est devenu un festival structuré, avec près de 45 millions de dollars de budget (chiffres 2018) et plus de 75'000 participants lors de la dernière édition, en baisse par rapport à la précédente en 2019.»
Outre les hippies, l'événement attire chaque année des stars d'Hollywood, de la musique ou de l'humour. Dont Chris Rock, en 2023.
Au terme de la semaine d'une semaine de fête et d'expériences transcendantales, voire de mariages et de baptêmes alternatifs, un immense bonhomme est traditionnellement incendié sur la «playa». D'où le nom de Burning Man, littéralement «l'homme qui brûle».
La manifestation se tient depuis les années 1990 dans le désert de Black Rock, au nord-ouest du Nevada. «Le festival avait été confronté l'année dernière à une intense vague de chaleur avec des vents forts qui avaient déjà rendu l'expérience difficile pour les 'burners'», rappelle l'AFP.
«Lancé en 1986 à San Francisco, Burning Man se veut un événement indéfinissable, entre célébration de la contre-culture et retraite spirituelle, écrit l'Agence France Presse (AFP). Initialement organisé sur une plage de San Francisco, Burning Man est devenu un festival structuré, avec près de 45 millions de dollars de budget (chiffres 2018) et plus de 75'000 participants lors de la dernière édition, en baisse par rapport à la précédente en 2019.»
Outre les hippies, l'événement attire chaque année des stars d'Hollywood, de la musique ou de l'humour. Dont Chris Rock, en 2023.
Au terme de la semaine d'une semaine de fête et d'expériences transcendantales, voire de mariages et de baptêmes alternatifs, un immense bonhomme est traditionnellement incendié sur la «playa». D'où le nom de Burning Man, littéralement «l'homme qui brûle».
La manifestation se tient depuis les années 1990 dans le désert de Black Rock, au nord-ouest du Nevada. «Le festival avait été confronté l'année dernière à une intense vague de chaleur avec des vents forts qui avaient déjà rendu l'expérience difficile pour les 'burners'», rappelle l'AFP.
Au bout du fil, l’entrepreneur garde son optimisme. «Ce que nous avons vécu, ce n’est pas loin de Woodstock. Les gens s’entraidaient, c’était très fort.»
L’organisation du grand rassemblement d’origine hippie avait demandé les participantes et participants à «conserver eau, vivres et carburant et trouver un abri chaud et sûr». Sachant que rien n’est en vente sur place et qu’il est de la responsabilité des campeuses et campeurs de prévoir un stock suffisant avant leur départ pour le Burning Man.
«Excusez-moi, je dois vous laisser»
Ça doit faire peur d’être perdu au milieu de nulle part et d’entendre ce genre de conseil, non? «La seule vraie crainte, c’est la nature, qui est et reste toujours la plus puissante, dont nous sommes tributaires dans un tel endroit. Mais sinon, nous n’avons pas eu peur. Vous savez, il y avait l’armée à disposition. Et nous étions des privilégiés, avec notre RV et ses frigos.» Nous? Son groupe de onze potes suisses, à bord de quatre motorhomes.
Le fringant quinqua s’interrompt. «Excusez-moi, je dois vous laisser parce qu’il ne faut pas que je cale, là. Je vous rappelle, à plus tard.» Pendant ce temps, le compte X (ex-Twitter) de la manifestation — qui avait débuté le 27 août et devait se clôturer ce 4 septembre — avertissait que la seule «route» existante était encore trop mouillée et boueuse pour la plupart des véhicules. Des milliers d'âmes vont donc devoir attendre mardi pour espérer s'en aller.
Quarante-quatre minutes plus tard, Thierry Wegmüller rappelle. «On aura encore un bout de rivière à passer et on sera sorti d’affaire. Vous avez encore des questions?» Oui. Mettez-vous en cause l’organisation? «Non, absolument pas. Un événement naturel est survenu, c’est tout. Et tout est très clair dès le départ: il faut prévoir assez de vivres, il en va de la responsabilité de chaque personne qui vient ici.»
Trouver ce qu'on est venu chercher
Le président du festival La Belle Nuit, qui aura lieu du 8 au 16 septembre dans les discothèques de la capitale olympique, ne parle d’enfer, de galère ou de catastrophe, «même si c'en était certainement une pour certaines et certains». «Pour moi, c’était une expérience très tendue, mais aussi forte, qui montre que la nature est puissante.»
Malgré la catastrophe, Thierry Wegmüller a bien trouvé ce qu’il était venu chercher. «C’était un moment rare, où j’ai pu me couper du monde. Ici, l’argent n’existe plus, ne sert à rien. Il y a des échanges et une certaine bienveillance. Je n’avais jamais vécu ça! C'est une expérience intense, un festival hors du commun, dans un lieu qui ne l'est pas moins. Mais le tout s'est déroulé dans des conditions extrêmes auxquelles on n'est pas forcément préparé, avec en plus un cas dramatique à déplorer.»