Très prisés des jeunes
La France interdit les sachets de nicotine

La France interdit les sachets de nicotine à partir de mars 2026. Cette mesure vise à protéger la santé publique, en particulier celle des jeunes, face aux risques d'addiction et d'intoxication. Les associations anti-tabac saluent cette décision.
Publié: 11:12 heures
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La ministre française du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, le 5 septembre 2025.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Dénoncés pour leur toxicité et leur caractère addictif en particulier pour les enfants et adolescents, les sachets, billes et gommes de nicotine seront interdits en France à partir de mars 2026, une «victoire» pour les associations anti-tabac.

Le décret d'interdiction, paru au Journal officiel samedi, fait suite au bannissement des cigarettes électroniques jetables, prohibées à la vente depuis fin février, et à l'interdiction de fumer dans les espaces publics comme les jardins et parcs, les plages ou encore aux abords des écoles en vigueur depuis le 1er juillet.

Le bannissement des sachets «vise à protéger la santé publique: la nicotine est désormais considérée comme une substance vénéneuse en raison de ses effets nocifs, et son usage à visée récréative présente un risque d'initiation au tabagisme, notamment chez les jeunes», a justifié à l'AFP le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités.

Un marché à 6 milliards de dollars

La ministre «Catherine Vautrin confirme ainsi son engagement» contre les «risques liés aux addictions», selon cette source. Le gouvernement, par la voix de la ministre de la Santé du gouvernement Barnier Geneviève Darrieusecq, avait annoncé à l'automne 2024 son intention de bannir les sachets de nicotine, également appelés pouches, en raison notamment d'un accroissement des intoxications chez les adolescents.

Le marché mondial des «pouches» a été évalué par Global Markets Insights à 6,6 milliards de dollars (5,6 mds d'euros) pour l'année 2023, et pourrait atteindre 27,4 milliards de dollars (23,4 mds d'euros) en 2032.

Apparus récemment, les sachets de nicotine sans tabac renferment, dans un tissu perméable, des fibres de polymères imprégnées de nicotine et d'arômes et se glissent entre la lèvre et la gencive.

«Un Eldorado financier»

L'interdiction prise par le gouvernement vise l'ensemble des «produits à usage oral contenant de la nicotine, à l'exception des médicaments et dispositif médicaux». Elle ne s'applique pas aux tabacs à chiquer.

Il s'agit notamment des «sachets portions» ou «sachets poreux», «pâte, billes, liquides, gomme à mâcher, pastilles, bandelettes ou toute combinaison de ces formes», énumère le texte.

L'Alliance contre le tabac, une fédération d'associations anti-tabac, a salué une «victoire». «Il s'agit d'une mesure cruciale pour protéger les jeunes et contrer les stratégies pernicieuses d'une industrie qui prospère sur le marché de l'addiction, au détriment de la santé publique», a-t-elle estimé dans un communiqué.

Les jeunes comme principales victimes

«Face à la baisse de la consommation de cigarettes dans les pays développés, les sachets de nicotine et les nouveaux produits nicotiniques (tabac chauffé et cigarettes électroniques) constituent le nouvel eldorado financier des cigarettiers», souligne l'organisation pour qui, «loin d'être des outils de sevrage, les sachets de nicotine et leurs dérivés (billes, perles) n'ont pour objectif que d'étendre le marché de l'addiction à la nicotine».

En novembre 2023, l'Anses avait appelé à une vigilance particulière» sur ces sachets en soulignant que ces produits, comme les billes aromatiques, entraînaient de plus en plus d'intoxications. «Les enfants et adolescents sont les principales victimes», constatait l'agence sanitaire.

Comme les snus (tabac sous forme de sachet à usage oral interdit à la vente en Europe), les sachets de nicotine «peuvent provoquer des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères : vomissements prolongés avec risque de déshydratation, convulsions, troubles de la conscience, hypotension ayant nécessité un remplissage vasculaire», selon cette étude qui précise que la majorité des personnes intoxiquées ont entre 12 et 17 ans.

Les billes aromatiques présentent aussi un risque d'accident domestique, en particulier pour les enfants de moins de trois ans qui les ingèrent. Le nombre d'appels au centres anti-poisons concernant ces produits était passé de 3 en 2020 à 86 en 2022, selon l'Anses.

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