Plus de militants. Pas de projet. Mais un premier secrétaire réélu avec 50,9% des voix à l’issue d’un vote d’environ 40'000 adhérents. Le parti socialiste français sort, dans ses propres urnes, quasi moribond même s’il conserve de nombreux élus régionaux et des maires de grandes villes comme Paris ou Nantes. Hier, ce parti faisait rêver la France. En 2025, son principal objectif est de survivre entre le bloc central macroniste et la poussée de la gauche radicale emmenée par Jean-Luc Mélenchon.
LFI, la secte de Mélenchon
Mélenchon justement. Ancien ténor du parti socialiste, le leader de la France Insoumise (LFI) est l’exact opposé d’Olivier Faure, le député de Seine-et-Marne qui vient d’être réélu à la tête du PS, face au maire de Rouen Nicolas Mayer Rossignol. Mélenchon est une figure médiatique incontournable. Il a, par deux fois en 2017 et 2022, raté de peu la qualification au second tour de la présidentielle. Les militants et sympathisants de LFI lui vouent un véritable culte, dénoncé ces jours-ci dans «La meute» (Ed. Flammarion), un livre à succès qui compare son parti à une secte dévouée à son leader.
A l’inverse, Olivier Faure peut avant tout se targuer d’un réel sens politique. Ce parlementaire, autrefois un collaborateur de l’ancien président François Hollande lorsqu’il régnait sur le PS, a su quitter le navire de la gauche unie après avoir navigué dessus pour obtenir 66 députés aux élections législatives anticipées, provoquées par la dissolution de l’Assemblée il y a pile un an, le 9 juin 2024.
Olivier Faure se réjouissait alors d’avoir imposé le Nouveau Front Populaire, une alliance de gauche allant des communistes au PS, en passant par LFI et les Verts. Jusqu’à ce que la crise politique française passe par là et l’oblige à prendre ses distances avec les mélenchonistes. Adieu l’Union. Bonjour le parti supplétif du bloc central, que l’actuel premier ministre centriste François Bayrou a réussi à convaincre de ne pas voter la censure aux côtés du Rassemblement national et de LFI…
Un PS divisé
Résultat: un PS divisé. Sa dernière carte est son positionnement pro-européen, incarné par un leader qui n’est même pas membre du parti, mais qui pourrait être son candidat à la présidentielle 2027: l’eurodéputé Raphaël Glucksmann. Le PS est confronté, comme dans d’autres pays européens, au déclin de la social-démocratie. L’heure est à l’indignation et à la révolte, surtout au sein de la jeunesse de gauche. L’heure est à la dénonciation des crimes commis à Gaza, comme le fait sans retenue LFI, au point d’être accusé d’antisémitisme. Olivier Faure est un premier secrétaire du PS qui peut s’appuyer sur un réseau d’élus. Il lui manque en revanche une assise populaire et surtout un projet.
Quel avenir, dès lors, pour le Parti socialiste français qui domina longtemps la gauche et la vie politique de la République? Trois facteurs vont en décider. Facteur N.1: les élections municipales de 2026, qui vont obliger ses grands élus à s’unir aux autres formations de gauche. Facteur N.2: le jeu personnel de l’ancien président François Hollande qui, redevenu député en 2024, rêve à nouveau de briguer l’Elysée. Facteur N.3: l’avenir du bloc central macroniste conduit par l’ancien (jeune) premier ministre Gabriel Attal, venu du PS, mais aujourd’hui surtout tenté de chasser à droite.
Election ric-rac
Olivier Faure a marqué un point avec cette élection ric-rac. Un seul. Il a sauvé sa tête et il reste au centre des prochaines coalitions. Il est, de ce point de vue, un acteur incontournable du jeu politique. Au-delà? Pas de rassemblement en vue. Pas de plate-forme séduisante. Pas de sondages très favorables pour les municipales. Le PS Français existe, mais il est largement inaudible. Son principal pouvoir, son arme fatale, est de pouvoir faire tomber le gouvernement de François Bayrou s’il décidait de voter la censure, par exemple pour refuser le prochain projet de budget. Ce qui précipiterait le pays dans une nouvelle crise. Pas terrible, pour un parti qui veut toujours incarner la gauche de «gouvernement».