A quelques jours de la parution de son livre «Le journal d'un prisonnier», l'ancien président français (2007-2012) Nicolas Sarkozy, condamné dans l'affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle, lève samedi le voile sur ses trois semaines de détention.
«Je fus frappé par l'absence de toute couleur. Le gris dominait tout, dévorait tout, recouvrait toutes les surfaces», écrit l'ancien chef de l'État, dont le livre, édité par Fayard, contrôlé par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré, sortira le 10 décembre. La radio privée Europe 1, également contrôlée par M. Bolloré, en publie des extraits samedi, tout comme le quotidien «Le Figaro».
Jugé à nouveau du 16 mars au 3 juin
Au premier jour de son incarcération, selon Europe 1, l'ancien président s'agenouille pour prier. «C'est venu comme une évidence», raconte-t-il dans son livre. «Je suis resté ainsi de longues minutes. Je priais pour avoir la force de porter la croix de cette injustice», poursuit-il, décrivant également ses discussions dominicales avec l'aumônier de la prison.
Le 25 septembre, Nicolas Sarkozy, aujourd'hui âgé de 70 ans, a été condamné en première instance à cinq ans de prison avec mandat de dépôt assorti d'une exécution provisoire pour association de malfaiteurs, et à une amende de 100'000 euros. Il a aussitôt fait appel et sera jugé à nouveau du 16 mars au 3 juin par la cour d'appel de Paris.
«Laitages, céréales, jus de pommes»
Au «Figaro», Nicolas Sarkozy confie avoir «écrit au bic sur une petite table en contreplaqué, tous les jours». «Je donnais les feuilles à mes avocats, qui les donnaient à ma secrétaire pour les mettre au propre. J'ai écrit d'un seul jet et après ma libération, un lundi, j'ai terminé le livre dans les jours suivants», décrit l'ancien président. «Il fallait que je réponde à cette simple question +mais comment en suis-je arrivé là?+. Que je m'interroge sur cette vie si étrange que la mienne, qui m'a fait passer par tant de situations extrêmes», explique-t-il.
Condamné définitivement dans deux autres affaires, celle dite des écoutes et Bygmalion, il réserve aussi dans ce livre quelques piques au personnel politique, dont le président Emmanuel Macron qui, selon Le Figaro, aurait «détourné le regard» de la condamnation et de l'emprisonnement de son prédécesseur.
Nicolas Sarkozy, numéro d'écrou 320535 selon «Le Figaro», décrit aussi sa détention et son alimentation à la prison parisienne de la Santé, faite de «laitage, barre de céréales, eau minérale, jus de pomme et quelques douceurs sucrées». L'ancien président, protégé en prison par deux officiers de sécurité, est resté enfermé dans sa cellule 23 heures sur 24, sauf à l'occasion des visites. «J'aurais donné beaucoup pour pouvoir regarder par la fenêtre, prendre le plaisir de voir passer les voitures», assure-t-il.