Festival de Cannes
«Un simple accident» du dissident iranien Jafar Panahi remporte la Palme d'or

Au terme de la quinzaine cannoise, le film «Un simple accident» du réalisateur Jafar Panahi remporte la Palme d'or.
Publié: 24.05.2025 à 19:38 heures
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Dernière mise à jour: 24.05.2025 à 22:13 heures
Jafar Panahi repart avec la Palme d'or.
Photo: IMAGO/ABACAPRESS
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AFP Agence France-Presse

Le Festival de Cannes a envoyé un signal politique fort en décernant samedi la Palme d'or au dissident iranien Jafar Panahi pour son film «Un simple accident». Le long-métrage a été tourné en clandestinité. Le cinéaste de 64 ans a pu se rendre à Cannes pour la première fois depuis 15 ans et recevoir son prix, décerné par la présidente du jury Juliette Binoche.

Thriller moral auscultant le dilemme d'anciens détenus tentés de se venger de leur tortionnaire, «Un simple accident» s'en prend très directement à l'arbitraire des forces de sécurité. Le long-métrage est aussi une réflexion sur la justice et la vengeance face à l'arbitraire. Panahi, qui a connu la prison à deux reprises en Iran, pays dont il ne pouvait pas sortir jusqu'à récemment, a promis de rentrer après Cannes malgré les risques de représailles. Nul ne sait quel sort lui réserveront les autorités après ce onzième long-métrage.

Il est le deuxième Iranien à remporter la Palme après Abbas Kiarostami pour «Le goût de la cerise» (1997). L'an dernier, un autre Iranien, Mohammad Rasoulof, avait décroché un prix spécial pour un autre film brûlot, «Les graines du figuier sauvage». Arrivé clandestinement à Cannes, il avait ensuite choisi l'exil.

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La révélation Nadia Melliti

Dans le reste du palmarès, le jury a récompensé une révélation, celle de l'actrice française Nadia Melliti, qui reçoit le prix d'interprétation à 23 ans, et pour son tout premier rôle au cinéma dans «La petite dernière» de sa compatriote Hafsia Herzi. Etudiante en sport et repérée dans un casting sauvage, elle incarne Fatima, 17 ans, une jeune femme musulmane qui découvre son homosexualité. Le film est adapté du roman, d'inspiration autobiographique, de Fatima Daas, publié en 2020.

«L'Agent secret» du Brésilien Kleber Mendonça Filho repart avec deux prix: la mise en scène et l'interprétation masculine pour Wagner Moura, 48 ans, connu hors du Brésil pour avoir interprété Pablo Escobar dans la série «Narcos». 

Le Grand Prix a été remporté par le Norvégien Joachim Trier pour «Valeur sentimentale». 

Nouveau trophée pour les frères Dardenne

Cinéastes déjà parmi les plus primés de l'histoire de Cannes, avec deux Palmes d'or, les frères Luc et Jean-Pierre Dardenne sont repartis avec un nouveau trophée, le prix du scénario, pour «Jeunes Mères». Ils l'obtiennent pour la deuxième fois de leur carrière, après «Le silence de Lorna» (2008).

Le Franco-Espagnol Oliver Laxe a reçu ex-aequo le prix du jury pour «Sirat», plongée captivante dans une rave-party hallucinatoire et apocalyptique au pays de «Mad Max», avec Sergi Lopez. Il le partage avec la réalisatrice allemande Mascha Schilinski, qui explore cent ans de traumas familiaux à travers le destin de quatre femmes dans «Sound of Falling». 

Ce 78e festival de Cannes a fait écho aux guerres au Proche-Orient et en Ukraine et a aussi été marquée par des déclarations engagées, à commencer par la charge de Robert De Niro contre Donald Trump lors de la cérémonie d'ouverture.

Côté paillettes, la quinzaine a connu ses défilés de stars, de Denzel Washington à Tom Cruise, venu présenter le dernier «Mission: Impossible», en passant par Scarlett Johansson, pour son premier film de réalisatrice, et Nicole Kidman.

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