Treize morts, des communes sinistrées, des cultures dévastées: l'Emilie-Romagne constatait jeudi les dégâts considérables provoquées par des inondations d'une rare intensité. Les autorités y voient le signe de la «tropicalisation» du climat méditerranéen.
Une vingtaine de cours d'eau ont quitté leur lit dans les plaines de cette région de 4,5 millions d'habitants prisée des touristes pour ses cités historiques comme Parme et Ravenne, ses paysages verdoyants, sa gastronomie et son littoral adriatique.
Selon tous les médias, treize personnes ont trouvé la mort, un chiffre que les sources officielles ne confirmaient pas jeudi soir. Plus de 10'000 habitants ont dû quitter leur domicile.
L'Italie connaît un mois de mai particulièrement pluvieux et frais mais c'est un véritable déluge qui s'est abattu ces derniers jours sur le «verger de l'Italie»: d'immenses superficies agricoles ont été noyées sous les eaux, ravageant champs de céréales, maraîchages, fourrage pour le bétail, des villages entiers ont été lavés par les crues boueuses, des ponts se sont effondrés et 400 routes se sont affaissées, des glissements de terrain ont creusé le relief.
Six mois de pluie en quelques heures
Localement, il est tombé en quelques heures l'équivalent de six mois de précipitations. Les dégâts se compteraient en milliards d'euros, auxquels s'ajoutent deux milliards estimés après les inondations ayant déjà frappé la région début mai.
La seule filière fruitière pèse 1,2 milliard d'euros, selon la confédération agricole Coldiretti. «Cinq mille exploitations agricoles ont fini sous l'eau: des serres, des pépinières, des étables dont les bêtes sont noyées, des dizaines de milliers d'hectares inondés de vigne, de kiwis, de poires, de pommes, de légumes et de céréales», a détaillé l'organisation jeudi.
Mur d'eau
Le maire de Ravenne, Michele De Pascale, a indiqué jeudi que si les habitants de certaines localités évacuées pouvaient retourner chez eux, d'autres devaient évacuer, des digues et berges de certains cours d'eau menaçant de rompre.
Le président de la région d'Emilie-Romagne, Stefano Bonaccini, a comparé jeudi l'amplitude et les conséquences de la catastrophe au séisme qui a frappé la région le 20 mai 2012 et qui avait fait plus de 10 milliards d'euros de dégâts matériels.
Là où les eaux refluaient, les habitants s'employaient à nettoyer maisons et rues recouvertes de boue et jonchées de débris.
«Tropicalisation»
Pour les autorités et les experts, ces calamités exceptionnelles vont devenir la norme. «Rien ne sera plus comme avant car ce processus de tropicalisation qui monte de l'Afrique touche aussi l'Italie», a averti le ministre de la Protection civile Nello Musumeci.
Paradoxalement, ces trombes d'eau frappent un pays chroniquement touché par la sécheresse. Pour autant, elles ne permettront pas de résorber le déficit hydrique lié à la raréfaction de la neige en montagne et des précipitations moyennes, préviennent les spécialistes.
Ces inondations ont entraîné l'annulation du Grand Prix de Formule 1 d'Imola, prévu dimanche, en raison de la montée inquiétante du niveau d'un cours d'eau proche du paddock.
(ATS)