Cette étude offre un rare aperçu des conséquences du changement climatique et de la déforestation pour les personnes vivant dans une des régions les plus fragiles au monde, alors que les données manquent concernant les effets du réchauffement dans les pays en voie de développement.
«La chaleur causée par la déforestation et le changement climatique tuent les travailleurs dans les pays tropicaux et réduit la possibilité de travailler sans risque», commente l'auteur principal de cette étude, Nicholas Wolff de l'ONG Nature Conservancy.
«Il y a un vrai manque d'études prenant en compte les conséquences sur ceux qui sont les plus vulnérables au changement climatique et qui en sont le moins responsables», poursuit-il.
Son équipe s'est fondée sur des données publiques pour montrer comment l'abattage de 4375 km2 de forêts dans une région de l'île de Bornéo a entraîné une hausse des températures diurnes maximales de 0,95°C entre 2002 et 2018.
Hausse stupéfiante
Une telle hausse de température est stupéfiante, souligne Nicholas Wolff, qui rappelle que «la planète s'est réchauffée d'environ 1°C en plus de 150 ans» depuis l'ère pré-industrielle.
La perte d'environ 17% du couvert forestier dans cette région et le réchauffement en résultant ont entraîné 104 décès et réduit les heures où il est possible de travailler dehors dans de bonnes conditions de 20 minutes par jour, selon cette étude.
«Ces forêts disparaissent en une semaine ou un mois et subitement vous vivez dans une réalité complètement différente», souligne encore l'auteur de l'étude.
En se basant sur des modélisations climatiques, l'étude estime que si la température mondiale augmente de 3°C comparé à la période pré-industrielle, le nombre de morts pourrait atteindre environ 260 par an.
«Cela va affecter un nombre important de personnes», poursuit Nicholas Wolff. «Les gens devront prendre la décision de risquer leur vie ou de ramener de quoi manger».
Une des forêts tropicales les plus importantes
L'Indonésie possède une des trois forêts tropicales les plus importantes au monde et même si la déforestation marque le pas depuis 2015, l'agriculture, l'exploitation forestière et l'extraction minière entraînent toujours une réduction du couvert forestier.
Selon la plateforme en ligne Global Forest Watch, le pays comptait en 2011 93,8 millions d'hectares de forêts primaires, des forêts anciennes en grande partie non perturbées par les activités humaines, soit la taille de l'Egypte. En 2020, sa taille avait diminué d'environ 10%.
Les forêts agissent comme une «climatisation naturelle», rappelle Nicholas Wolff. Elles sont probablement le meilleur pari pour s'adapter au changement climatique dans ces pays, ajoute-t-il. Si la reforestation est une possibilité, «une option encore plus importante est de conserver ce qui reste».
(ATS)