52% des Brésiliens sont opposés à l'IVG
La Cour suprême brésilienne se penche sur la dépénalisation de l'IVG

La Cour suprême du Brésil a commencé à analyser vendredi un recours réclamant la dépénalisation de l'avortement jusqu'à la douzième semaine de grossesse.
Publié: 22.09.2023 à 22:10 heures
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En Argentine, le Sénat a validé la loi légalisant l'avortement en décembre 2020 (archives).

La Cour suprême du Brésil a commencé à analyser vendredi un recours réclamant la dépénalisation de l'avortement jusqu'à la douzième semaine de grossesse, l'IVG n'étant autorisée que sous de rares exceptions dans le plus grand pays d'Amérique latine. Le président brésilien Jair Bolsonaro avait déploré la légalisation de l'avortement en Argentine en 2020.

Le procès s'est ouvert sous forme virtuelle, chacun des onze juges devant envoyer l'argumentation de son vote par écrit en ligne. Mais il a été suspendu à la demande d'un magistrat et sera repris en séance plénière présentielle à une date à fixer ultérieurement. La plus haute juridiction du pays doit décider concrètement si les femmes qui décident d'avorter durant les trois premiers mois de grossesse doivent être poursuivies pénalement.

Selon la législation en vigueur actuellement, qui date de 1940, l'interruption volontaire de grossesse est un délit. Elle n'est permise qu'en cas de viol, de risque pour la mère ou malformations graves du foetus.

La présidente de la Cour suprême, Rosa Weber, est la seule à avoir voté avant la suspension du procès virtuel. Elle s'est prononcée en faveur de la dépénalisation de l'IVG.

Séance publique

Selon la magistrate, «la criminalisation de l'interruption volontaire de grossesse (...) porte atteinte à la liberté et à la dignité des femmes».

«Nous avons été réduites au silence. Nous n'avons pas pu participer activement aux délibérations sur un sujet qui nous touche particulièrement», a-t-elle également affirmé dans son vote argumenté sur 103 pages.

Les femmes «savent décider ce qui est le mieux pour leurs vies, faites confiance en nos décisions», a réagi vendredi l'ONG Anis, saluant le vote de la magistrate. Rosa Weber a tenu à exprimer ce vote avant son départ à la retraite en octobre.

Le procès reprendra en présence des autres juges, lors de séances publiques au siège de la Cour suprême, à Brasilia. Si une majorité de juges décide de dépénaliser l'IVG, les femmes ayant avorté sous douze semaines de grossesse ne pourront plus faire l'objet de poursuites judiciaires, tout comme les professionnels de santé impliqués.

Population plutôt contre la libéralisation

Mais contrairement à la législation en vigueur dans d'autres pays, cela ne signifie pas qu'il sera possible d'avorter au sein du système de santé public. Le procès a été ouvert suite à un recours du parti de gauche Socialisme et liberté (PSOL), qui a demandé en 2017 la reconnaissance par la Cour suprême du droit constitutionnel à l'interruption volontaire de grossesse.

Le sujet est particulièrement sensible au Brésil, un pays très religieux, avec notamment un essor des Eglises évangéliques.

Selon un sondage récent de l'institut Datafolha, 52% des Brésiliens sont opposés à l'IVG tandis que 45% y sont favorables.

L'avortement est légal dans seulement quelques pays d'Amérique latine, l'Uruguay et Cuba en pionniers, puis plus récemment la Colombie, l'Argentine et le Mexique.

Dans plusieurs pays, il est autorisé dans certaines circonstances, comme le viol ou les risques pour la santé, tandis que des interdictions pures s'appliquent au Venezuela, Salvador, au Honduras, au Nicaragua, en Haïti et en République dominicaine.

(AFP)

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