Ce président-là se fiche complètement de dire ou d’écrire ça. Il suffit de lire le message posté sur X par Donald Trump après le meurtre du cinéaste Rob Reiner (réalisateur, en 1989, de la comédie romantique «Quand Harry rencontre Sally») pour comprendre qu’à ses yeux, tout est permis. Dans ce post sur le réseau social d’Elon Musk, Trump décrit l’artiste défunt comme un «obsédé» qui ne songeait qu’à le détruire. En clair: voici comment risquent de mourir les opposants irréductibles à sa personne…
Volodymyr Zelensky sait cela. Il l’a compris le 28 février 2025 dans le Bureau ovale de la Maison Blanche. Il le constate lors de chaque échange avec la délégation américaine qui négocie ces jours-ci un possible accord de paix entre l’Ukraine et la Russie.
Trump vitupère. Trump insulte. Trump jure d’abandonner Kiev, puis se ravise. Trump est prêt à tout. A l’aune des autres dirigeants mondiaux, et surtout de ce que l’on est en droit d’attendre du chef de la première puissance mondiale et d’un grand pays démocratique, Trump est cinglé. Et il sait que c’est sa meilleure arme.
Cinglé, vraiment?
Cinglé, vraiment? Oui. Le mot peut déranger ceux qui soutiennent l’action de son administration et qui défendent un accord aux forceps avec la Russie de Vladimir Poutine. Mais les faits sont têtus: Donald Trump est prêt au pire, en tout cas sur le terrain diplomatique et commercial. Le seul intérêt qu’il défend est le sien, même pas celui de son pays auquel il a promis de «rendre sa grandeur». Donald Trump voit la paix comme un «deal» commercial à court terme.
La Russie a d’immenses ressources minérales et un espace géographique propice aux grands chantiers? Allons-y sans retenue. L’Ukraine se défend avec vaillance pour préserver sa société d’une recolonisation poutinienne? Qu’importe. Un pays moyen doit obéir à son grand voisin, quel que soit son gouvernement. C’est ainsi dans la jungle. Et Donald Trump ne conçoit le monde que comme une jungle féroce.
La folie de celui à qui rien ne résiste
Cinglé, et dangereux? C’est là que Zelensky, en prise quotidienne avec les humeurs de Trump, doit constamment se positionner. Et c’est aussi là que les Européens doivent se montrer habiles.
Le seul discours à tenir est celui de la convergence d’intérêts. Trump devient dangereux lorsqu’il ne peut rien obtenir d’un «deal». Il est «cinglé» lorsqu’il s’attaque à plus faible que lui. Sa logique n’est pas seulement celle du rapport de force. L’ancien promoteur immobilier fonctionne comme un rapace. Il évalue sa proie. Puis il fonce en piqué, espérant l’arracher avec ses griffes.
Est-ce insultant que d’écrire cela? Non. L’histoire a été faite et façonnée par des dirigeants comme Trump. Certains furent, au regard des siècles, à la fois sanguinaires et clairvoyants. Le président des Etats-Unis a la folie de celui à qui rien ne doit résister.
La guerre lui rapporte moins que la paix
Cinglé et pacificateur? Oui. Et c’est sur ce point qu’il faut avoir le courage de regarder les détails, les actes, et pas les paroles. Trump veut la paix parce que la guerre lui rapporte trop peu. Il veut un monde sous tension où le glaive américain se paiera très, très cher. Il conçoit les déséquilibres mondiaux comme une rente.
Etape 1: j’assume le désordre, mais en diminuant la conflictualité pour éviter d’y perdre trop de plumes.
Étape 2: je rackette ceux que je protège.
Voici l’équation que Volodymyr Zelensky et les Européens doivent accepter. Le «cinglé» de Washington est le seul capable d’imposer une solution que leurs diplomates n’auraient jamais envisagée. Il est aussi capable du pire. Il exige des remerciements XXL, sonnants et trébuchants. Problème: pour faire taire les armes, aujourd’hui, Trump est irremplaçable.
Justement parce qu’il est «cinglé».