Une «première estimation»
Près de six milliards d’euros d’argent public pour les JO

La Cour des comptes révèle que les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont coûté près de 6 milliards d'euros d'argent public. Une grande partie de cette somme a été consacrée à la sécurité de l'événement, selon une première estimation publiée lundi.
Publié: 15:20 heures
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Dernière mise à jour: 15:21 heures
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Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont coûté près de six milliards d'euros d'argent public.
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AFP Agence France-Presse

Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont coûté près de six milliards d'euros d'argent public dont une grande part pour la sécurité de cet évènement hors normes, annonce lundi la Cour des comptes dans «une première estimation».

La Cour a évalué «les dépenses d'organisation à 2,77 milliards d'euros» dont 1,4 milliard pour la sécurité, et celles liées aux infrastructures à 3,19 milliards d'euros. «Il n'y a vraiment pas matière à polémique», a assuré son premier président Pierre Moscovici au cours d'une conférence de presse. Mais, il fallait rapidement «faire la vérité des prix», surtout au vu de la situation actuelle des finances publiques de la France et en raison de la préparation des JO d'hiver de 2030.

«Les dépenses publiques plus limitées qu'à Londres 2012»

Taquine, la Cour des comptes présente cette facture le jour de la journée olympique. Jusqu'à présent, seuls les comptes du comité d'organisation (Cojo) à 4,4 milliards en dépenses (76 millions d'euros d'excédent) reposant quasi essentiellement sur des financements privés et ceux de la Solideo (Société des livraison des ouvrages olympiques) comprenant une part publique, étaient connus.

La première estimation des coûts publics publiée lundi regroupe de nombreuses dépenses engagées par l’État, les collectivités ou des entreprises publiques: primes versées aux policiers, construction du village olympique, ou encore coup d’accélérateur sur les travaux de la ligne 14 du métro dans les dernières semaines pour qu’elle soit prête à temps près du village olympique, etc.

Pierre Moscovici a aussi fait état lundi d'une estimation faite par les services du Premier ministre, et non publique jusqu'ici, de 5,3 milliards d'euros pour ces JO qui ont été «une réussite incontestable». Au regard des autres éditions, «il semble que les dépenses publiques soient plus limitées qu'à Londres 2012», a-t-il esquissé.

Un rapport plus précis en octobre

La facture publique est un véritable casse-tête à calculer. Faut-il compter les dispositifs antidrones supplémentaires achetés avant les JO qui serviront ensuite? La Cour des comptes répond oui. Un rapport plus détaillé sera publié d'ici octobre, par thématiques.

De même, du fait de «l'indisponibilité des données», la Cour n'a pas inclus «les effets positifs et négatifs des Jeux sur l'activité économique». Parmi les plus grands postes de dépenses: la sécurité, avec plus de 35.000 forces de l'ordre mobilisées dans un contexte de risque terroriste, ce qui a représenté 1,4 milliard d'euros (dont des primes pour près de 315 millions d'euros en faveur de la police et de la gendarmerie).

«Les prévisions initiales du ministère de l'Intérieur (pour la sécurité) évoquaient un budget de 200 millions d'euros», a rappelé Pierre Moscovici. «Je ne dis pas qu'on aurait pu sécuriser avec moins de moyens», a-t-il commenté, mais «le budget initial était trop faible». Plus de 304 millions ont aussi été investis dans des caméras, la sécurité des réseaux, des moyens antidrones...

Compte tenu du manque d'agents de sécurité privée, l'Etat a aussi investi 78 millions d'euros pour former de nouveaux personnels. Viennent ensuite les dépenses liées aux transports et mobilités: 570 millions d'euros dont 335 pour les «renforts d'offre» de la RATP (métro) et de la SNCF (train). S'agissant des infrastructures, la part de l'Etat et des collectivités dans la Solideo est de 1,65 milliard d'euros.

1,4 milliard pour nettoyer la Seine?

Petit flottement concernant la baignabilité de la Seine qui a cumulé 1,4 milliard d'euros d'investissements publics, mais certains peuvent être imputés à des obligations européennes. A ce stade, la Cour des comptes estime que les coûts imputables aux Jeux oscillent «entre 200 millions et un milliard d'euros». Compte tenu de «cette incertitude», ils ne sont pas intégrés dans cette évaluation.

Le comité d'organisation des JO, qui fermera ses portes le 30 juin, trouve que la Cour a ratissé bien large et juge que le chiffrage est «disproportionné par rapport à la réalité», a estimé auprès de quelques journalistes son directeur financier Fabrice Lacroix, qui évalue la facture publique plutôt «autour de deux milliards d'euros».

Dans sa réponse à la Cour des comptes, le président du Cojo Tony Estanguet regrette que «l'impact économique positif des Jeux» ne soit pas pris en compte. Un choix aussi relevé par la ministre des Sports Marie Barsacq, ex du Cojo, dans une réaction à l'AFP.

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