Lionel Messi, au football, ou Novak Djokovic, au tennis, feraient très probablement la moue s'ils étaient logés, lors d'une Coupe du monde ou d'un tournoi du Grand Chelem, de la même manière que Marco Odermatt lors de nombreux déplacements en Coupe du monde. Les chambres d’hôtel luxueuses sont rares sur le circuit alpin. L’hébergement à Copper Mountain (USA) n’a rien de glamour non plus. Mais l’intérieur boisé du petit appartement fonctionnel que le quadruple vainqueur du classement général de la Coupe du monde partage avec Justin Murisier, champion à Beaver Creek l’an dernier, ne manque pas de charme.
«Si je buvais autant que Marco, je serais constamment en train de faire pipi»
Le Nidwaldien et le Valaisan entretiennent une relation presque fraternelle. Lorsque Marco Odermatt rencontre un problème, il demande conseil à Justin Murisier. L’inverse est vrai également. Leur humour est d’ailleurs identique. Mais en matière d’habitudes de consommation, une différence majeure les sépare. «Si je buvais autant d’eau que Marco, je serais constamment en train de faire pipi. Lui doit boire trois litres par jour, alors que je consomme à peine la moitié.»
Leur consommation d’œufs, en revanche, est presque identique. «Justin prépare des omelettes sensationnelles au petit-déjeuner», s’enthousiasme Marco Odermatt. «Les œufs sont un aliment idéal pour les sportifs: riches en protéines de qualité et très savoureux. Je mange environ 25 œufs par semaine», révèle Justin Murisier.
Marco Odermatt précise toutefois que la nourriture sur le circuit n’est pas toujours un plaisir pour le palais: «Vivre dans un appartement ou une chambre d’hôtel modeste ne me pose aucun problème. Mais j’accorde beaucoup d’importance à la qualité des repas. À Val Gardena, Alta Badia et Kitzbühel, nous sommes très bien servis. Mais à Kvitfjell et Garmisch-Partenkirchen, je n’ai jamais vraiment bien mangé ces dernières années.»
«Certains Super-G sont parfois ennuyeux»
À Copper Mountain, pourtant, c’est autre chose qui a frappé les stars du ski. En raison de la chaleur exceptionnelle de novembre dans le Colorado, Marco Odermatt et ses coéquipiers n’ont pu s’entraîner que sur des pistes fortement raccourcies. Mais pour la préparation de la piste de Coupe du monde, les Américains semblent avoir réalisé un véritable exploit. Bien que le froid n’ait pas encore fait son apparition dans cette station perchée à 2970 mètres d’altitude, la piste de course se présente dans un état compact, deux jours avant la première compétition.
«Je suis sûr que nous vivrons ici jeudi l’un des meilleurs super-G de tout l’hiver. Le tracé se prête parfaitement à cette discipline», affirme Marco Odermatt. Justin Murisier abonde dans le sens de son compère du super-G: «En Coupe du monde, certains super-G sont vraiment ennuyeux, je pense notamment à Val Gardena. Mais celui de Copper Mountain ne pourra jamais l’être. Le terrain impose forcément un tracé très exigeant techniquement.» Le même constat devrait s’appliquer au slalom géant, prévu vendredi.
Ce qui l'énerve chez Marco Odermatt
Pendant ce temps, les deux athlètes se sont installés confortablement sur le canapé. Le tube mondial de Manu Chao «Me Gustas Tu» résonne dans le haut-parleur Bluetooth. C’est Justin Murisier qui gère la musique dans cette colocation. Marco Odermatt : «Je préfère écouter du rap allemand. Mais comme Justin n’en a strictement rien à faire, je lui laisse volontiers le choix de la musique.»
Ce dernier apprécie ce privilège, mais précise qu’il y a malgré tout quelque chose qui le dérange un peu chez le champion du monde et champion olympique: «Parfois, ses discussions m’énervent, car Marco est très autoritaire!» En face, Marco Odermatt secoue la tête: «Ce n’est pas vrai. Si tu affirmes un truc pareil, tu devrais donner un exemple.» Justin Murisier attrape son iPhone et demande: «Je dois vraiment appeler tous nos coéquipiers maintenant? Ils confirmeront que tu dis généralement B quand les autres disent A.»
L’homme aux 46 victoires en Coupe du monde s’avoue à moitié vaincu: «D’accord, c’est vrai que dans mes dialogues avec notre pote Gino Caviezel, j’affirme systématiquement le contraire de ce qu’il dit…»