Il en a fait une force
La triste histoire de l'ancien champion de slalom valaisan

Didier Plaschy, ancien champion de slalom, a traversé de nombreuses épreuves personnelles et familiales. Entre tragédies et pertes, il a transformé ces expériences en force, guidant aujourd’hui les jeunes talents du ski suisse et transmettant sa passion avec créativité.
Publié: 19:41 heures
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Dernière mise à jour: 19:51 heures
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Didier Plaschy a connu la période la plus faste de sa carrière en décembre 1999.
Photo: AP
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Marcel W. Perren et Benjamin Soland

Didier Plaschy attire tous les regards à l’aéroport de Zurich. Rien d’étonnant: le Haut-Valaisan porte des sandales pour se rendre au slalom de Coupe du monde de Levi, en Finlande. «Mais ce ne sont pas des sandales normales», précise l’ancien champion de slalom, expert ski à la SRF depuis sept ans. «Ce sont des chaussures fabriquées sur mesure, et elles ont coûté cher.»

À 52 ans, Didier Plaschy suit encore l’un des principes transmis par son père Geni: «Ne jamais économiser sur les chaussures, le lit et la nourriture.» Une sagesse qu’il applique scrupuleusement.

Une vie marquée par des coups du sort

Ce souvenir paternel est lié à une période douloureuse. «J’avais 18 ans lorsque mon père, restaurateur et homme incroyablement vivant, est décédé à 49 ans après un troisième infarctus.» Et l’histoire familiale compte d’autres drames. «Ma seule sœur est morte à 59 ans. Ma maman peu après, à 77 ans. Et avant ma naissance, mon frère a été tué par un tracteur à l’âge de quatre ans.»

L’an dernier encore, Didier Plaschy a perdu un ami proche: «On a découvert une tumeur au cerveau chez lui à 53 ans. Un mois plus tard, il était mort.» Ces expériences ont transformé la manière dont il voit la vie. «Je ne suis pas devenu mélancolique. Mais j’ai compris que chaque jour est incroyablement précieux. Je vis avec intensité.»

Père de cinq garçons issus de deux mariages, il s’est fixé un objectif personnel: «Mon plus jeune a maintenant 11 ans. Dans quelques années, j’aimerais sortir avec tous mes garçons, faire la fête, et qu’ils doivent me ramener à la maison. Comme j’ai dû le faire pour mon père.»

Un fils pour prendre la relève?

Son fils aîné étudie à Madrid, et le second est l’un des jeunes slalomeurs les plus prometteurs chez les moins de 16 ans. «Felix est surtout très rapide dans les sections plates. C’est ce sur quoi nous nous sommes entraînés, car il y a très peu de pistes vraiment raides lors des courses FIS», explique le père, avec fierté.

Felix n’est pas seulement un excellent «zigzagueur», mais aussi un freestyler. «Il a déjà travaillé le triple salto arrière à ski. Mais comme les Japonais et les Scandinaves sont encore meilleurs dans ce domaine, j’essaie de lui faire comprendre qu’une carrière de slalomeur suisse serait plus porteuse. Mais au final, c’est à lui de décider.»

Des méthodes d’entraînement révolutionnaires

Les parcours de Daniel Yule (7 victoires en Coupe du monde) et Ramon Zenhäusern (6 victoires) prouvent que Didier Plaschy a le flair pour former les jeunes talents.

En tant qu’entraîneur du cadre B de Swiss-Ski, il a aussi conseillé le champion du monde Loïc Meillard. «Loïc skiait les jambes écartées, alors j’ai utilisé chez lui un outil dont les paysans se servent pour attacher la queue des vaches: une sorte d'élastique.» Il détaille: «J’ai fixé l’élastique entre ses chaussures de ski, ce qui l’obligeait à skier serré. Il détestait ça. Daniel Yule aussi d’ailleurs. Mais un jour, Loïc a été plus rapide avec l’élastique que sans. À partir de ce moment-là, il était guéri de son aversion», raconte Didier Plaschy en souriant.

Didier Plaschy pense qu’il aurait peut-être gagné plus dans sa carrière avec un entraîneur aussi créatif. «À mon époque, il y avait Mike von Grünigen, c'était une Mercedes sur la neige. Moi, j’étais plutôt une Alfa Romeo: souvent au garage, mais parfois brillante. Avec les bons mécaniciens, je volais. Mais mes entraîneurs n’avaient sans doute pas les bons outils, et je suis devenu hermétique aux idées novatrices.»

Aujourd’hui, c’est comme commentateur à la SRF, aux côtés d’Adrian Arnet, que Didier Plaschy s’envole. Ses trouvailles verbales sont aussi surprenantes que ses méthodes d’entraînement.

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