Plus fort grâce au karaté?
Le combat de Loïc Meillard contre la malédiction de Sölden

D’aucuns pensent que Loïc Meillard frappera un grand coup cette saison. Le technicien de ski surdoué préfère garder les pieds sur terre – et montre que son horizon s’étend bien au‑delà des pistes.
Publié: 25.10.2025 à 08:56 heures
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Sur le glacier de Rettenbach à Sölden, Loic Meillard n'a jamais obtenu de podium.
Photo: Sven Thomann
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Marcel W. Perren

L’histoire de Loïc Meillard (28 ans) à Sölden est jalonnée de malchances, de pannes et de déceptions. L’an dernier, le Valaisan aux racines neuchâteloises a dû déclarer forfait juste avant le début de la Coupe du monde sur le glacier de Rettenbach, victime d’une déchirure de l’enveloppe du disque intervertébral lors de l’échauffement. En octobre 2023, le technicien a été confronté à un mauvais déclenchement de ses fixations lors de la classique du slalom géant. En 2021, le grand frère de Mélanie Meillard, spécialiste du slalom, avait dû se contenter de la 16e place.

Le seul classement à Sölden qui ait rendu justice à Loïc Meillard reste la cinquième place obtenue en 2020. « Mais même dans cette course, je ne me sentais pas vraiment à l’aise », confie celui qui fêtera ses 29 ans mercredi prochain.

Des louanges anticipées qui ne l’enchantent guère

Le directeur de course de longue date de Sölden, Rainer Gstrein, pense toutefois que Meillard prendra son envol dès le début de la saison. Lors d’un entretien avec l’ex-entraîneur de Swiss-Ski et de l’ÖSV, Sepp Brunner, ancien entraîneur de slalom de l’Autrichien Benjamin Raich (47 ans, 36 victoires en Coupe du monde), Rainer Gstrein a clairement indiqué qu’il misait sur le Romand dans la lutte pour le classement général de la Coupe du monde: «Loïc est actuellement le meilleur technicien du monde. Et comme il y a moins de descentes au calendrier de la Coupe du monde cet hiver, je pense qu’il peut arracher le gros globe de cristal à Marco Odermatt».

Mais Loïc Meillard se montre prudent face à ces anticipations: «Il est bien trop tôt pour parler du classement général de la Coupe du monde. Bien sûr, gagner ce globe de cristal sera un jour mon grand objectif. Mais si j’y pensais déjà maintenant, cela m’empêcherait d’attaquer à fond dès la première course de la saison. C’est pourquoi, pour l’instant, je me concentre exclusivement sur Sölden».

Une préparation contrariée mais un moral au beau fixe

La préparation de la saison n’a pas été idéale pour le double deuxième du classement général de la Coupe du monde. Mi-août, Loïc Meillard n’a pas pu skier les trois premiers jours du camp d’entraînement en Nouvelle-Zélande en raison de douleurs dorsales. Aujourd’hui, il qualifie sa condition physique de «très bonne», tout en reconnaissant: «À cause des problèmes de dos en Nouvelle-Zélande, j’ai fait moins de kilomètres sur les skis que prévu».

Mais cela ne semble pas l’inquiéter outre mesure. L’an dernier, après son forfait à Sölden, il n’avait pu effectuer que quatre entraînements sur trois semaines avant le slalom de Levi (Finlande) et avait tout de même terminé sur la troisième marche du podium. Trois mois plus tard, il offrait à la Suisse sa première médaille d’or en slalom depuis 75 ans lors des Championnats du monde de Saalbach, un triomphe historique.

Un comportement exemplaire sur et en dehors des pistes

Après ce sacre, Loïc Meillard ne s’est pas laissé aller à des célébrations excessives. Certains coéquipiers soulignent qu’il n’a jamais bu un verre de trop. «C’est vrai que je suis un homme de plaisir», confie-t-il, «mais je ne suis pas du genre à danser sur la table en étant ivre». Il fait preuve de politesse et de respect: «Mes parents ont toujours insisté sur un comportement correct envers les autres. J’ai appris à saluer convenablement même ceux qui me sont moins sympathiques».

Le respect et la discipline qu’il cultive se retrouvent aussi dans les arts martiaux asiatiques qu’il pratique depuis plus de deux ans, notamment le karaté: «En été, je fais une à deux séances par semaine avec mon professeur. Mais je n’aspire pas à la ceinture noire. Il ne s’agit pas seulement de karaté: on travaille aussi la boxe et des mouvements chinois et japonais ancestraux, où l’objectif principal est de respirer correctement. Ces techniques m’aident aussi dans le ski».

Multilinguisme et perspectives au-delà du ski

Dans le grand cirque du ski, Loïc Meillard séduit également les médias et sponsors internationaux grâce à son multilinguisme. Outre le français, sa langue maternelle, il parle couramment l’allemand et l’anglais, et se débrouille en italien.

Loin de considérer cela comme un handicap, il voit dans la diversité linguistique un atout: «Lorsque j’étais jeune, je trouvais injuste que les réunions de Swiss-Ski se tiennent uniquement en allemand. Mais j’ai rapidement compris que c’était une chance d’apprendre une autre langue».

Loïc Meillard propose même des idées pour le système scolaire suisse: «Dans les écoles du Val Gardena, presque chaque matière est enseignée dans l’une des trois langues officielles: mathématiques en italien, histoire en allemand et sport en italien. Ce serait formidable que l’on adopte ce modèle en Suisse». Avec de telles convictions, Loïc Meillard pourrait sans doute envisager un avenir politique après sa carrière sportive.

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