Révélations choquantes
«90% des pistes d'entraînement sont trop dangereuses»

Après l'accident mortel du spécialiste italien de la vitesse Matteo Franzoso, un entraîneur légendaire révèle des détails choquants sur les conditions d'entraînement dans le circuit de ski.
Publié: 24.09.2025 à 22:41 heures
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Dernière mise à jour: 24.09.2025 à il y a 36 minutes
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L'ancien entraîneur de Swiss Ski et de l'ÖSV, Sepp Brunner, parle clairement après cette tragédie.
Photo: Sven Thomann
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Marcel W. Perren

Sepp Brunner a marqué le ski alpin au cours des trois dernières décennies. À la fin des années 90, l'Autrichien s'est fait un nom en tant qu'entraîneur privé de Sonja Nef. Après avoir accompagné l'Appenzelloise jusqu'au titre de championne du monde de géant en 2001, Sepp Brunner a formé les espoirs Daniel Albrecht, Carlo Janka, Beat Feuz et Sandro Viletta pour en faire des athlètes de classe mondiale. En 2017, il a été nommé entraîneur de descente chez les Autrichiens. Désormais à la retraite, il n'est aujourd'hui pas nostalgique du passé. Au contraire: «Quand je vois la direction que prend le ski, je suis heureux de ne plus avoir à m'en occuper.»

«Des filets de sécurité obsolètes».

L'ancien entraîneur de Beat Feuz ne peut s'empêcher de faire allusion à l'histoire tragique de l'Italien Matteo Franzoso, décédé le 15 septembre dernier après une chute à l'entraînement à La Parva, au Chili, un jour avant son 26e anniversaire. «Je me suis entraîné avec mes athlètes pendant de nombreuses années à La Parva. Comme ce parcours est presque exclusivement sécurisé par des filets B obsolètes, je sais à quel point les descentes de vitesse y sont dangereuses».

Sepp Brunner insiste sur le fait que La Parva ne constitue pas une exception: «Hormis les pistes du circuit de la Coupe du monde, les pistes d'entraînement sont, pour le 90% d'entre elles, dangereuses. Je devais, en tant qu'entraîneur, craindre avant chaque séance qu'un incident se produise. En fait, il n'y a qu'une seule piste d'entraînement permanente au monde qui réponde aux mesures de sécurité les plus strictes: celle de Copper Mountain.»

La FIS devant ses responsabilités

Cette dernière n'est toutefois pas praticable avant novembre. Il faudrait donc investir dans la sécurité des domaines skiables d'été. Légende du ski alpin au Liechtenstein, Marco Büchel (53 ans) met la Fédération internationale de ski devant ses responsabilités: «La FIS aurait tout intérêt à créer un fonds auprès duquel les domaines skiables et les fédérations pourraient s'annoncer afin de financer les mesures de sécurité nécessaires».

Qu'en pense le nouveau CEO de la FIS, Urs Lehmann? «Sur le fond, l'idée de Marco Büchel me plaît bien. Mais si l'on sécurise deux douzaines de pistes d'entraînement au standard de la Coupe du monde, les coûts se chiffreront en millions. Il faudrait alors discuter de qui doit participer aux coûts.»

Il y a quelques semaines, Urs Lehmann a pu constater de ses propres yeux que la sécurité, sur la piste qui a été fatale à Matteo Franzoso, présentait des lacunes particulièrement importantes. «Je me suis rendu en Amérique du Sud avec ma fille de 21 ans, Nina, qui participe à des courses FIS et de Coupe d'Europe. Nina voulait également s'entraîner à La Parva. Mais finalement, nous nous sommes mis d'accord sur le fait que cette piste moyennement sécurisée n'était pas la bonne pour une jeune athlète plutôt inexpérimentée.»

Sepp Brunner compte sur Urs Lehmann pour inverser cette fâcheuse tendance: «Je lui fais confiance, il a le savoir-faire pour actionner les bons leviers.» Les accidents ont été trop nombreux. Ils doivent désormais cesser.

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