L’Autriche, nation du ski, perd coup sur coup deux de ses grands espoirs. À quelques jours d’intervalle, les sœurs Amanda (23 ans) et Angelina Salzgeber (21 ans) annoncent leur retraite. Filles de la championne olympique du combiné Anita Wachter (58 ans) et du vice-champion du monde de slalom géant Rainer Salzgeber (58 ans), elles tirent leur révérence sans jamais avoir disputé une seule course de Coupe du monde.
«Cela me brise le cœur», écrit Angelina Salzgeber sur Instagram. Petite, elle rêvait de suivre les traces de ses parents et de remporter des victoires comme eux. Sa sœur confie, elle aussi, à quel point cette décision a été difficile à prendre.
Les deux jeunes femmes se sont confiées au quotidien «Krone Zeitung», n’épargnant pas au passage la fédération autrichienne de ski (ÖSV). Angelina Salzgeber explique qu’elle a dû courir toute la saison dernière sous antidouleurs en raison de douleurs au coccyx. Mais elle ne voulait pas «sacrifier une saison de plus» en conservant son statut de blessée — ce qui lui aurait pourtant garanti une place dans l’équipe. Avec le recul, elle estime que c’était une erreur.
Les entraîneurs lui avaient d'ailleurs dans un premier temps assuré qu’elle conserverait sa place. Mais tout a changé après une visioconférence confidentielle entre les athlètes de l’équipe et la direction, durant laquelle Angelina a critiqué l’attitude de l’entraîneur en chef Roland Assinger (52 ans), qui fait déjà l'objet de critiques. Elle a déclaré que la manière dont il lui parlait et son ton condescendant ne lui convenaient pas. Quelques jours plus tard, ce dernier l’a convoquée pour un entretien au cours duquel il lui a annoncé qu’elle était écartée. Selon elle, ses remarques ont fuité et auraient entraîné ce revirement de situation.
Un départ soutenu par les parents
Le cas d’Amanda Salzgeber est différent. Elle s’est déchiré les ligaments croisés en décembre, et son statut dans l’équipe était donc assuré. Pourtant, elle a, elle aussi, décidé de partir. Elle ne se sentait plus à l’aise dans l’environnement de l’équipe. Elle dit avoir confié à Assinger que cela tenait aussi à la manière dont les athlètes étaient traitées. Réaction de l’entraîneur: d’autres filles de son groupe gagnaient des courses FIS. «Cela montre simplement comment il me perçoit, moi et mon potentiel», déclare-t-elle à «Krone Zeitung».
Pourtant, Amanda Salzgeber a remporté l’or du combiné et deux médailles de bronze (slalom géant et épreuve par équipes) aux Jeux olympiques de la jeunesse en 2020. Et récemment encore, elle devançait des skieuses expérimentées du circuit mondial comme Delia Durrer (22 ans) ou Lauren Macuga (23 ans). «J’ai le sentiment que l’ÖSV a du mal à repérer les talents et à les faire progresser. Ce n’est pas le cas pour Macuga ou Durrer», souligne-t-elle.
Avant d’annoncer leur décision, les deux sœurs en ont parlé à leurs parents, qui ont bien vu à quel point la situation les affectait. «Ils constatent aussi comment fonctionne la fédération. C’est pour ça qu’ils sont soulagés que nous n’ayons plus rien à faire avec des gens comme Roland Assinger», estime Angelina. Et sa sœur de conclure: «Honnêtement, nous sommes soulagées d’avoir quitté ce système».